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Entrevues

Alex Strohl

L'aventure dans les yeux.

Alex Strohl a grandi entre les Alpes françaises et les contreforts de la Sierra de Madrid. Maintenant établi au Montana, d’où il voyage partout dans le monde, il est l’un des photographes de plein air les plus inspirants et les plus talentueux de notre époque. BESIDE s’est entretenu avec lui.

Quel élément essentiel cherchez-vous à saisir dans vos photos?

Il s’agit surtout de la solitude et de l’émancipation de l’individu. Voilà pourquoi je fais rarement des photos de groupe. J’aime photographier une seule personne à la fois dans un cadre naturel. En plus, cette façon de faire donne l’impression à celui qui regarde l’image qu’il en fait partie, comme s’il se trouvait lui-même dans ce vaste paysage. J’essaie aussi de susciter un certain sentiment de nostalgie.

De tous vos souvenirs d’enfance liés au plein air, quels sont ceux auxquels vous attachez le plus d’importance?

Je faisais du vélo de montagne dans la Sierra de Madrid. J’éprouvais un sentiment de liberté sans bornes. Je me promenais autour des lacs près de ma maison. Je partais à l’aventure dans les bois. Quand j’étais enfant, mes amis et moi essayions de griller des hotdogs sur un feu en les posant sur la surface d’ardoise que nous avions trouvée sur les berges du lac. Ces souvenirs me sont précieux, surtout quand je repense à l’innocence qui nous habitait.

Vous êtes-vous déjà retrouvé en situation de réel danger?

En fait, oui. L’hiver dernier, des amis et moi faisions du portage près du réservoir Hungry Horse, au Montana. Comme nous étions pressés, nous n’avons pas tenu compte de certains signes précurseurs de danger et avons eu de nombreux problèmes, dont certains assez importants. D’abord, nous sommes arrivés tard. Nous avons donc dû nous dépêcher à monter nos tentes afin d’avoir tout installé avant le coucher du soleil. Étant donné que la route vers le premier point d’accès à l’eau était bloquée, nous avons décidé de tenter notre chance plus loin et, alors que nous étions rendus à mi-chemin, nos deux camions sont restés pris dans la neige. Plutôt que de faire demi-tour, nous avons choisi de trainer nos canots jusqu’au point d’accès, à plus d’un kilomètre de là. Cette opération s’est avérée particulièrement difficile, car nous avions beaucoup de bagages. Cela dit, une fois rendus au réservoir, nous savions que si l’un de nous tombait à l’eau, il nous faudrait une aide d’urgence. La situation aurait pu être grave. Ce soir-là, nous avons campé sur une ile. Le mercure est descendu à -23 °C et le lac a gelé pendant la nuit. Une fois repartis, nous avons dû casser la glace afin de nous rendre à la berge. Le fait que nous nous servions de nos avirons pour y arriver augmentait le risque de chavirer. Heureusement, nous avons réussi à surmonter ces obstacles et sommes rentrés chez nous en sécurité, mais le risque l’avait emporté sur l’aventure. Je m’estime heureux d’avoir vécu cette expérience. Grâce à ce voyage, j’ai de très bonnes histoires à raconter, mais j’ai aussi été confronté aux réalités de la nature. J’ai compris à quel point il est important de tenir compte des dangers qui y sont associés et de se préparer en conséquence.

Que pensez-vous du fait qu’il y a de plus en plus de gens qui affichent des photos de plein air sur Instagram? Est-ce une bonne idée, selon vous, ou cela nous prive-t-il d’une expérience de plein air authentique?

Je trouve que c’est une bonne chose, en général, car cela prouve qu’il y a plus de gens qui sortent dehors et qui s’adonnent à des activités de plein air. Je reviens justement d’une randonnée dans les Andes péruviennes et j’ai bien apprécié le sentiment d’isolement absolu. J’espère seulement que ces pratiques et le fait de partager des photos n’empêchent pas les gens de vivre une expérience authentique. Si quelqu’un décide de mettre le nez dehors après avoir vu une photo, si cela le pousse à explorer de nouveaux lieux et à voyager davantage, c’est déjà un pas dans la bonne direction. Ensuite, il revient à l’individu de créer sa propre expérience, d’acquérir les compétences nécessaires et d’essayer de mieux comprendre les raisons pour lesquelles il aime la nature.

 

 

Quelle cause écologique vous tient le plus à cœur?

Comme j’habite tout près du parc national de Glacier, où je constate la fonte rapide des glaciers, et que je reviens du Pérou, où on m’a parlé de certains, vieux de 1 600 ans, qui fondaient en seulement quelques dizaines d’années, je suis souvent témoin des effets des changements climatiques. Quand on entend les discours entourant le réchauffement de la planète, on comprend que très peu de gens dans le monde ont vu des glaciers et qu’ils ignorent tout de leur métamorphose. Dans un pays comme le Pérou, cette ignorance peut avoir des effets ravageurs, car le gouvernement ne ressent pas assez de pression pour agir sur le plan politique et n’a pas les fonds nécessaires pour gérer ces questions et sensibiliser la population.

 

Quelle est votre prochaine destination de rêve?

Le parc national du Grand Bassin, à l’est du Nevada. On y trouve des montagnes dignes du Montana en plein désert ainsi qu’un nombre étonnant de lacs. J’aime les parcs nationaux moins connus, qui sont aussi moins fréquentés.

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Cet article a été publié dans le numéro 01 du magazine BESIDE.

MAGAZINE 01
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