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Découvrez l’avant-garde vinicole du Québec
Cet automne, la journaliste Caitlin Stall-Paquet a fait une tournée des meilleurs vignobles des Cantons-de-l’Est, qui évoluent au gré des changements climatiques et de notre gout pour l'effervescence.
Texte—Caitlin Stall-Paquet
Photos—Alma Kismic

Côte d’Ardoise, le premier vignoble du Québec, a été fondé en 1979 à Dunham, à dix minutes de Frelighsburg, où je suis née, un minuscule village situé à deux pas de la frontière du Vermont. Peu après, L’Orpailleur s’est établi à proximité, sur la même route, et d’autres lui ont rapidement emboité le pas, ce qui a contribué au développement de la région en tant que destination vinicole.
Les vins du Québec ont parfois été critiqués pour leur acidité excessive, leur légèreté et leur manque d’expressivité, mais leur réputation est en train de changer. Une nouvelle génération de vigneron·ne·s à l’esprit créatif et consciencieux a tiré parti de l’évolution des gouts; les vins plus légers et à faible teneur en alcool ont aujourd’hui la cote. Or, ces vins sont plus faciles à produire dans nos latitudes au climat souvent glacial.
Suivant une tendance qui a vu le jour au milieu des années 90 et qui s’est fortement accélérée au cours des dernières années, on privilégie désormais une vinification à faible intervention, c’est-à-dire qu’on laisse le fruit et ses colonies de levures opérer leur magie aussi librement que possible.
Au Québec, l’engouement récent pour les vins non filtrés et à fermentation spontanée s’explique essentiellement par le travail d’agences d’importation comme Œnopole, qui a beaucoup contribué à l’arrivée des vins nature sur les rayons des succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ).
Œnopole ne représente pas de vignobles locaux pour l’instant, mais l’agence a de toute évidence contribué à leur montée en popularité.
«Si la tendance actuelle était toujours aux vins plus structurés et ayant un taux d’alcool plus élevé, on n’aurait probablement pas le même succès, parce que ce n’est pas le genre de produits qu’on est capables de produire», explique Charles Tarzi, directeur du développement et de la commercialisation chez Œnopole. «Je pense que le timing est bon.»


De la pomme au raisin
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Début septembre, je me suis rendue dans la région de Brome-Missisquoi pour rencontrer des viticulteur·trice·s du coin et gouter à leurs produits. Si l’approche privilégiée varie d’un vignoble à l’autre, j’ai constaté partout l’existence d’une forte conscience environnementale et la même volonté de tirer parti du climat particulier de chaque domaine.
Quand les glaciers se sont retirés du sud-est de la province, il y a 10 000 ans, ils ont laissé derrière eux un paysage de vallées et de collines. On trouve donc aujourd’hui dans la région de Brome-Missisquoi une multiplicité de microclimats aux différences subtiles, propices à la production d’une grande variété de vins.
Que leur production soit certifiée biologique ou d’un autre label, les vigneron·ne·s que j’ai rencontré·e·s manifestent une profonde connaissance de leur parcelle de terre: le type de sol, les microorganismes qui y prolifèrent et les défis associés aux conditions météorologiques.
Certains effets des changements climatiques observés dans la région apportent par ailleurs des possibilités inattendues.
«Les choses ont beaucoup changé depuis les années 80. Les températures ont augmenté de 15% pendant la saison; ça nous permet de faire murir du pinot noir, ce qui n’était pas possible en 1985», explique Zaché Audette-Hall, propriétaire du Domaine l’Espiègle.
Avec l’élévation des températures, les étés sont généralement plus secs, mais les fortes précipitations de 2022 nous rappellent que la météo est aussi de plus en plus imprévisible.
L’augmentation de la chaleur et de la sècheresse a incité des pomiculteur·trice·s du coin à convertir leur verger en vignoble: la pomme, culture emblématique de la région, exige un approvisionnement en eau régulier, alors que les vignes tolèrent les climats arides (du moins jusqu’à un certain point). Par ailleurs, puisque le sol des vergers n’est pas aussi intensivement travaillé que celui des champs de maïs ou de soja, on y trouve beaucoup de microorganismes susceptibles d’aider les vignes à bien s’implanter.
J’ai joué à la cachette dans ces vergers quand j’étais enfant. Il m’est difficile d’accepter que les pommiers doivent être abattus. D’un autre côté, il est excitant de voir la culture viticole donner un nouvel essor aux traditions agricoles de la région. Ça permet d’entrevoir l’avenir avec confiance.

– Frelighsburg –
Maison Joy Hill
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Le jour de ma visite à la Maison Joy Hill, l’emblématique mont Pinacle, dont l’image orne certaines des étiquettes colorées de l’entreprise, est englouti par le brouillard. Mais je sais qu’il est là, car son sommet habite ma mémoire comme un spectre géologique.
J’ai grandi à proximité, sur le chemin McIntosh. Par la route, environ trois kilomètres séparent mon ancienne maison du vignoble, mais, à l’époque, je coupais à travers le verger derrière chez moi (aujourd’hui propriété de Louise Dupuis et Christian Barthomeuf, qui y ont créé la cidrerie du Clos Saragnat) pour aller jouer avec mon meilleur ami.
Le domaine de quelque 50 hectares, dont la moitié est couverte de forêt, offre un immense terrain de jeu à Justine Therrien et Julien Niquet, qui ont embouteillé leur première cuvée en 2020. L’imprévisibilité de la météo leur a montré à quel point il est important de développer des stratégies d’adaptation. Le couple a appris, en collaborant avec un agronome qui pratique la gestion holistique, comment utiliser des litières forestières fermentées pour améliorer la vitalité des vignes.


«Dans l’approche holistique, on considère cet endroit comme un tout dont on fait partie, au même titre que le mont Pinacle et les 25 hectares de forêt», explique Justine.
En 2017, fort de son expérience combinée dans les agences de vin et l’industrie brassicole, le couple a quitté Montréal pour réaliser son rêve. Trois années de suite, 12 000 ceps ont été plantés. Aujourd’hui, le vignoble propose des cépages de soif comme le gamay, présent dans le Roche Mère, ainsi nommé en l’honneur du substrat rocheux qui contribue au murissement des raisins.

Terroir: La variété des sols (sablo-argileux, limon et schiste) ainsi que l’abondance de roches métamorphiques et sédimentaires rendent ce terroir particulièrement propice à la viticulture.
Suggestion de vin: Vieilli six mois en cuve de béton, le Bal des Oiseaux, un chardonnay qui présente des notes de poire et une acidité caractéristique de la pomme verte, est un vin désaltérant qui peut aussi très bien vieillir au cellier.
Trait distinctif du vignoble: Le mont Pinacle, situé à proximité et représenté sur les étiquettes peintes par l’artiste montréalaise Josiane Lanthier, est responsable des fronts froids et des phénomènes microclimatiques qui touchent parfois le vignoble et il lui donne des caractéristiques géologiques uniques.

– Brigham –
Vignoble la Bauge
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Simon Naud, propriétaire de deuxième génération de cette ancienne ferme transformée en vignoble, a procédé par élimination pour en arriver à ses méthodes actuelles. Ainsi, au lieu de chercher à produire des vins particuliers, il a gardé l’esprit ouvert et misé sur ce qui pousse le mieux sur son domaine de dix hectares.
Au fil des ans, Simon a écarté un certain nombre de viniferas et concentré ses efforts sur le gewurztraminer et le cabernet franc, ainsi que sur le frontenac, une variété plus résistante qui se développe particulièrement bien quand on recouvre les plants d’une couche de paillis ou d’un géotextile pendant l’hiver.


Comme ses homologues de la région, le propriétaire du vignoble La Bauge constate que les choses ont beaucoup changé depuis que son père a commencé à cultiver des vignes en 1986 et que les vins de la province bénéficient d’un engouement croissant.
«Les gens manifestent une plus grande ouverture pour les produits locaux. On sent aussi un désir de nouveauté. Il n’y a plus de honte à produire des vins frais, des vins de soif», explique-t-il.
«Il fait trop chaud maintenant en France. Les viticulteurs produisent souvent des vins qui titrent 15% d’alcool. Quand les gens goutent un vin qui en contient 12%, un vin léger, fruité et rafraichissant, ils l’apprécient.»
Pour attirer un plus grand nombre de visiteur·euse·s chez lui, le père de Simon avait adopté un modèle agrotouristique. Il s’était mis à l’élevage des sangliers; à partir de leur viande, il fabriquait des saucissons et des terrines qui accompagnaient les vins.
Quand le vignoble a obtenu sa certification bio, en 2016, Simon a décidé d’élever seulement des animaux utiles à la croissance des vignes. Il s’est donc procuré une quinzaine de moutons par hectare. Les bêtes broutent le gazon et leurs excréments servent d’engrais naturel. Au cours des 36 dernières années, le vigneron a su évoluer avec son temps, en solidarité avec ses semblables.
«C’était un petit milieu chaleureux et accueillant qui voyait le jour, une petite industrie à laquelle on essayait de donner vie malgré les obstacles. On se battait contre la météo, contre la législation et même contre la population québécoise, qui répétait qu’on ne produisait que de la piquette», raconte-t-il.
Terroir: De l’ardoise affleure sous le gravier et les schistes légers et friables, entourée d’énormes rochers amenés sur place à la fin de la dernière période glaciaire. Les pentes légères où sont plantées les vignes sont ceinturées de forêts.
Suggestion de vin: Issu des cépages frontenac gris, frontenac blanc et vida, Évolution Blanc présente des parfums de vanille et de miel et un étonnant arôme d’ananas qui neutralise l’acidité. Il deviendra à coup sûr un classique de l’apéro.
Trait distinctif du vignoble: Le modèle agrotouristique qu’ont adopté dès le départ les propriétaires offre aux personnes qui le souhaitent la possibilité de visiter la boutique du vignoble pour mettre la main sur quelques bouteilles à leur sortie du chai.


– Dunham –
Domaine l’Espiègle
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Un nouveau producteur établi à proximité de Dunham, le berceau de la viticulture au Québec, attire l’attention au-delà des frontières de la région. En 2020, Zaché Audette-Hall — avec qui je suis amie depuis la maternelle — a sorti une première cuvée produite à partir de vignes plantées sur le sol bien drainé d’un ancien verger situé près de la maison de ses parents, face au lac Selby, avec le mont Pinacle en toile de fond.
Zaché a mis à l’épreuve les connaissances qu’il avait de son sol en choisissant de faire pousser du gamaret, du chardonnay et du pinot noir, un cépage réputé difficile à cultiver. Il cherche toujours de nouvelles solutions qui auront un minimum de conséquences sur le sol, sans jamais perdre de vue le principe de durabilité.
Il a appris qu’il était bon d’encourager les plantes à floraison hâtive, car elles attirent plus d’insectes, dont de minuscules acariens ennemis des insectes ravageurs. Par ailleurs, en laissant pousser assez librement la végétation autour des pieds de vigne, on favorise la présence de bonnes espèces capables de lutter contre celles, nuisibles, qui affaiblissent les ceps et ouvrent la porte aux maladies.
Au pied de la colline, Zaché me montre une parcelle plantée de vignes du cépage chardonnay qui poussent sur un substrat rocheux uniforme de deux ou trois mètres de profondeur. Vu la mince couche de terre dans laquelle ils poussent, les ceps subissent un stress hydrique modéré auquel ils réagissent en concentrant leur énergie à faire murir les fruits plutôt qu’à produire des feuilles. Il souligne que le cépage est réputé pour sa capacité à exprimer le terroir; avec le temps, il arrive à capter l’essence du sol dans lequel il pousse.
Le chardonnay qui en est issu, Aube à l’Est, a une délicate teinte dorée. Il présente une acidité équilibrée et juste ce qu’il faut de fraicheur vivifiante; il ne ressemble donc en rien aux vins trop boisés, lourds et beurrés qui donnent souvent mauvaise réputation au cépage.

Terroir: La parcelle, située sur un versant de colline orienté vers le sud-est, est en plein soleil au début de la journée et protégée des gels printaniers. Le sol, essentiellement fait de schiste, de limon et de sable, offre des zones de chaleur.
Suggestion de vin: Le Gamma Rays, fait à partir de raisins gamaret, gamay et pinot meunier, présente un suave arôme de fruit noir, des notes herbacées et suffisamment de structure pour accompagner des plats de viande.
Trait distinctif du vignoble: Ses vins aux étiquettes colorées sont aujourd’hui omniprésents sur les cartes des vins des restaurants et sur les rayons des commerces de la province. Restez à l’affut!
– Saint-Ignace-de-Stanbridge –
Les Soeurs Racines
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Sophie Bélair-Hamel, cofondatrice des Sœurs Racines, un vignoble situé à 20 minutes de route du Domaine l’Espiègle, sait désormais que la viticulture respectueuse de l’environnement est la seule et unique voie à suivre:
«Cela exige plus de travail et on a moins de contrôle, mais la terre ne nous aime plus… Et si on continue dans cette voie… les fongicides, les pesticides et les produits de synthèse ne seront bientôt plus efficaces.»
La jeune femme a fait ses calculs avant de se lancer en affaires. Pendant sa maitrise en environnement, elle a appris que les vignobles biologiques permettent de redonner à l’écosystème, contrairement aux vignobles traditionnels, dont l’assainissement peut couter plusieurs milliers de dollars.
Après avoir passé des années à s’occuper des vignes, elle et son conjoint, Frédéric Ouellet-Lacroix, ont finalement rempli leurs premières bouteilles cet été. Les deux ont travaillé dans la sommellerie et la restauration, et il semblait dans l’ordre des choses d’ouvrir aussi un gite. Les plants de vinifera plantés à partir de 2017 ont bien poussé dans les sols sablo-limoneux et graveleux du domaine.
Le couple, plus intéressé par les cépages dits «du Vieux Continent», a aussi eu la sagesse de planter autour de ces variétés fragiles des cépages hybrides plus vigoureux, comme le frontenac gris, pour qu’ils les protègent des maladies.
Terroir: Il se caractérise par des sols essentiellement constitués de schiste, de sable et de gravier, un microclimat plus chaud et une culture agricole établie de longue date dans la région.
Suggestion de vin: Surveillez l’arrivée sur les rayons des vins fabriqués à partir des cépages melon de bourgogne, gewurztraminer et optima.
Trait distinctif du vignoble: Charmant gite où l’on peut passer la nuit et se régaler de produits fermiers et de plats de saison.


– Saint-Armand –
Vignoble Pigeon Hill
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Manon Rousseau et Kevin Shufelt, les propriétaires du vignoble biologique Pigeon Hill, établi tout près, ont commencé à vendre leurs produits en 2008. Le couple a été le premier au Québec à planter du raisin marquette, un cépage hybride résistant au froid et aux maladies comme le mildiou, créé à l’Université du Minnesota.
Depuis le début de l’entreprise, il y a 24 ans, Manon et Kevin se sont toujours fait un devoir de respecter l’environnement, et leurs vins biologiques ne contiennent jamais de sulfites ajoutés.
L’adoption d’un modèle fondé sur la permaculture reflète leur volonté de se conformer aux normes environnementales les plus strictes. On peut voir des moutons paitre sur leurs terres, et notamment leur mascotte, Big Mouth, qui apparait sur l’étiquette de la marque. Les bêtes aèrent le sol avec leurs sabots, broutent l’herbe et fournissent un engrais naturel pour les vignes.

Terroir: Situées sur des coteaux à faible inclinaison, ces terres d’alluvion bien drainées sont idéales pour la viticulture, le climat y étant particulièrement chaud pour la région de Brome-Missisquoi.
Suggestion de vin: Le vin rouge Le Mouton, fabriqué à partir du cépage marquette, est vieilli huit mois en fut de chêne. Avec ses notes un peu poivrées et épicées et ses tanins légers, il accompagne à merveille un repas de burgers.
Trait distinctif du vignoble: Contrairement à nombre de leurs homologues, les propriétaires de Pigeon Hill ont délaissé les cépages européens au profit de variétés hybrides qui poussent mieux dans notre climat nordique.

Véronique Hupin et Michael Marler, propriétaires du vignoble Les Pervenches.
– Farnham –
Les Pervenches
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Véronique Hupin et Michael Marler sont les cerveaux derrière Les Pervenches, un vignoble de Farnham qui est souvent considéré comme le meilleur de la province. Ici, les microorganismes jouent un rôle crucial dans les méthodes de production biologique et biodynamique.
Pour surmonter les obstacles associés à l’obtention de ces deux certifications, le couple a dû établir une relation étroite avec le sol. Il a ainsi appris à récolter au bon moment les bonnes plantes, comme l’ortie, et à en faire des purins naturels qui l’aident à soigner et à protéger les vignes.
Je demande à Michael comment sa conjointe et lui luttent contre les insectes envahissants, comme le scarabée japonais, qui s’introduisent dans la structure organique du vignoble. «On médite», répond-il.
Le duo m’accompagne dans une promenade entre les rangs de seyval, de chardonnay et de zweigelt, où il a aussi planté du trèfle, du sarrasin et des légumineuses fixatrices d’azote pour servir de substitut naturel aux engrais.
En 1996, Véronique et Michael ont fait l’acquisition de la terre et repris un vignoble existant. La ligne ondulée qui orne les étiquettes de leurs vins représente le paysage montagneux que l’on voit depuis le domaine. Le couple voulait montrer que les vins du Québec peuvent être bons, à condition de ne pas utiliser d’additifs et de sauter l’étape de la filtration.
Véronique et Michael cherchent en permanence à découvrir de meilleures façons de collaborer avec les êtres microscopiques qui vivent dans le sol pour obtenir les meilleurs rendements et produire des vins inoubliables.


Terroir: Dans ce domaine de quatre hectares où les terrains graveleux côtoient les sols sablo-argileux et limoneux, chaque vigne a sa place.
Suggestion de vin: Le Pinot Zweigelt non filtré et sans soufre, un vin aux tanins particulièrement délicats avec des notes terreuses discrètes sous un arôme de fruit rouge frais, se boit dangereusement bien.
Trait distinctif du vignoble: Pionnier de la viticulture biodynamique au Québec, le couple, qui dispose par ailleurs d’une certification bio, considère son vignoble comme un tout. Il utilise du compost naturel pour fertiliser les sols et n’emploie ni produit chimique ni pesticide.
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La popularité de ces vignobles a monté en flèche au cours des dernières années, mais la production reste faible et il peut être difficile de mettre la main sur des bouteilles. Voilà qui explique l’enthousiasme suscité par l’ouverture à Sutton de la boutique Réserve Naturelle Caviste, en 2021.

Après la fermeture du Divan Orange, haut lieu de la scène musicale de Montréal, deux de ses propriétaires, Lionel Furonnet et Adèle Prud’homme, ont choisi de se consacrer à d’autres passions.
«En fin de compte, je continue de faire ce que je faisais avant», me confie Lionel. «Je m’occupais de la programmation, et c’est aussi ce que je fais ici… Il y a ce même désir de réunir les gens et de mettre en valeur des créations artisanales.»
Environ 20% des produits vendus à la boutique viennent du Québec. On y retrouve entre autres plusieurs produits issus des vignobles que j’ai visités. Il arrive d’ailleurs qu’on croise les producteur·rice·s aux dégustations organisées sur place. Le duo a aussi ouvert la cidrerie Turbulence, où il fabrique entre autres un cidre de pommes sauvages fermentées sur des marcs de raisin gamay de la maison Joy Hill: un heureux mariage de deux produits emblématiques de la région.
Du soleil en bouteille
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Le temps brumeux et pluvieux qui a accompagné mes visites m’a rappelé qu’il ne fait pas toujours beau dans cette région. En pays de collines et de vallées, la météo est souvent capricieuse. Il arrive en outre que des fronts froids s’installent et menacent les vignes.
Par endroits, il est tombé plus de pluie l’été dernier que dans les cinq dernières années combinées, ce qui a contribué à la propagation de maladies. En fin de compte, la plus grande difficulté à laquelle doivent faire face les vigneron·ne·s du coin, c’est l’imprévisibilité de la météo.
L’avenir semble cependant prometteur, tant pour les vins de la région, désormais emblématiques, que pour les viticulteur·trice·s débrouillard·e·s qui les produisent.
Malgré les nuages, Freli en juillet, le riesling mousseux fabriqué par la Maison Joy Hill, me fait l’effet d’un rayon de soleil en bouteille. Je ressens une pointe de nostalgie en repensant à ces moments où, enfant, je me baignais dans les ruisseaux et mangeais des popsicles qui me dégoulinaient sur les doigts. Les délices glacés ayant cédé leur place aux délices liquides, je savoure à lentes gorgées, emplie d’une profonde gratitude, ce nectar issu de la terre où j’ai grandi.
Trois parcs où boire un verre
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Parcouru d’un joli sentier longeant un ruisseau rocailleux, ce parc boisé de la ville de Lac-Brome est un endroit paisible où il fait bon s’arrêter.
Parc municipal de Frelighsburg
Profitez d’un arrêt dans cet endroit idyllique pour en apprendre plus sur la faune locale. En plus de bancs et de tables à piquenique, le parc est jalonné de panneaux d’interprétation de la nature.
À un jet de pierre du vignoble La Bauge, dégustez un verre de vin en écoutant la rivière Yamaska, qui coule juste à côté.
Caitlin Stall-Paquet est une autrice, éditrice et traductrice établie à Montréal qui se réfugie dans la forêt à l’occasion. Son travail a été publié dans The Walrus, CBC, The Globe and Mail, Elle Canada, The Narwhal, Toronto Life, Canadian Geographic, le Toronto Star, Growers et enRoute.
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