Long weekend (ou courte semaine) dans les Laurentides

La journaliste et photographe Léa Beauchesne se rend dans les Laurentides pour découvrir un itinéraire composé de sensations fortes en montagne et de moments de plénitude chez vignerons et producteurs locaux.

Texte et photos—Léa Beauchesne

En partenariat avec Tourisme Laurentides

Dans le cadre de

– Jour 1 –

Pour la première fois depuis notre colocation universitaire, je retrouve ma meilleure amie d’école primaire pour plus de 24h. C’est avec un immense sourire et quelques cris de joie que je l’accueille pour une escapade dans cette région que nous allons toutes les deux découvrir. Parait que les séjours sans enfant se font rares quand on est parent. On savoure, promis.

Le trajet vers Val-David nous ramène à notre été dans l’Ouest canadien. Les routes aux allures infinies, les massifs enrobants, l’air rempli d’ozone… l’aventure sera belle. On s’émerveille dès que notre regard se pose sur les premiers sillons du village, qui célèbre cette année son 100e anniversaire. Malgré les changements qui l’ont bouleversée ces derniers temps, cette petite municipalité garde ses racines hippies encore bien solides, ce qui me fait rêver un peu. Chaque samedi, les producteur·rice·s des alentours se donnent rendez-vous au Marché d’été pour vendre le fruit de leur travail. Les gens du coin et d’ailleurs animent l’endroit dès l’ouverture. Chaque kiosque raconte une histoire, souvent celle d’une entreprise familiale, immanquablement celle d’une passion. Une jolie dame âgée nous montre son panier rempli. Elle reçoit ses petits-enfants à souper. Tomates bien rouges, herbes fraiches, tartes salées… Aucun doute, ce sera un régal. Juste à côté du marché, quelques artisan·e·s s’installent dans l’Allée des créateurs. On discute ensemble tout en découvrant leurs œuvres. Du 9 juillet au 22 aout, découvrez aussi l’exposition de céramique 1001 pots, l’endroit parfait pour explorer le concept japonais de wabi-sabi, puisque le travail de l’être humain et le passage du temps s’y font bien sentir. Des objets faits main, parfaitement imparfaits, qui se déploient dans un lieu magique. Il devient facile de partir dans ses rêveries dans l’un des jardins de 1001 pots, petit thé Camellia Sinensis à la main.

Marché d’été
Marché d’été

Avec sa population amoureuse du territoire et de ses saveurs, pas étonnant que Val-David présente une panoplie de restaurants incroyables. À l’heure du diner, rendez-vous au Général Café pour un plat végane, local, bio ou tout ça à la fois. S’il y a une file dans le menu escalier, c’est que le café y est aussi bon que le service y est agréable. Pour un repas bien copieux, on se rend plutôt à La Boucanerie du Nord savourer une pizza cuite au four à bois, parfaitement composée. Si le dessert est un incontournable (coupable), on rend visite à Nadège, propriétaire et cheffe pâtissière du C’est la vie Café. Un sablé aux framboises dans le sac à dos, on file vers Sainte-Adèle pour découvrir ses nouveaux sentiers de vélo de montagne.

Général Café
La Boucanerie du Nord
C’est la vie Café

Les villages peuplés de mordu·e·s de plein air parsèment cette région des Laurentides. À Sainte-Adèle, la communauté a à cœur la protection et l’accès au territoire. La population, la municipalité et ses entrepreneur·euse·s ont uni leurs forces et réussi à protéger un immense territoire de 788 acres qui est devenu le parc du Mont Loup-Garou. Un tableau des donateur·rice·s, situé à l’entrée des sentiers, démontre que la mobilisation permet d’accomplir de bien grandes choses. Mon amie me confie aux bons soins de Dominique et Daniel, le parfait duo d’ambassadeur·ice·s pour le parc. Ces deux passionné·e·s de vélo m’initient à leur petit paradis. L’ambiance sur les pistes est incroyablement conviviale. On arrête régulièrement pour jaser (heureusement pour mon pauvre cardio pandémique). En plus de me faire découvrir les pistes de vélo de montagne, Dominique et Daniel me racontent une foule d’anecdotes sur leur vie à Sainte-Adèle, ce qui me donne évidemment le gout d’y déménager. La naissance du ski hors-piste au Québec, la communauté de plein air, les possibilités infinies du territoire. On rêve à grands coups de pédale.

Que vous terminiez votre journée de vélo de montagne ou de vélo de route sur le bucolique parc linéraire Le P’tit train du Nord, un arrêt s’impose au Mapache, à Val-Morin. Je casse les oreilles de mes amies à répéter qu’on doit absolument y aller lors de notre prochain voyage d’escalade dans le coin. Une cuisine du marché d’inspiration mexicaine, des vins nature, des bières de microbrasserie, une ancienne station de train, c’est quasiment le paradis. Une guédille aux crevettes qui goute autre chose que la mayonnaise, on est sous le charme. Le proprio est bien entendu un amoureux de son village et nous conseille de finir la soirée à la Brasserie Ayawan.

Refuges du lac Démêlé

La région offre une multitude d’options pour la nuit. Pour un hébergement unique et une parfaite déconnexion en forêt, visitez les Refuges du lac Démêlé. Ce site enchanteur, c’est le rêve de Michel, puis celui de son amoureuse, Anne-Sophie. Ancien guide dans le Grand Nord, Michel carbure aux grands espaces. À quelques pas des refuges, le lac Démêlé s’étire sur l’horizon, prêt à recevoir cette valse sans fin des levers et couchers de soleil. Arrêt gastronomique à découvrir absolument sur votre route: sEb l’Artisan Culinaire. Un petit 10 que ça risque de devenir votre table préférée de la région.

Le parc régional Val-David–Val-Morin

– Jour 2 –

Si on peut parcourir les Laurentides de différentes manières, n’importe quel·le adepte de grimpe choisira d’abord et avant tout de le faire par l’escalade. Le parc régional Val-David-Val-Morin regorge de magnifiques rochers, tantôt destinés au bloc, tantôt à la voie. Après un petit tour pour jeter un œil à la forêt de blocs, on se laisse guider par Jean-François, le directeur du parc, vers un secteur parfait pour l’escalade en premier de cordée. Le crag est entouré d’arbres à travers lesquels la brise fait son chemin, dissipe les traces que le 35 ºC ressenti laisse sur la peau. L’heure est autant à l’escalade qu’à la discussion. Les ami·e·s se retrouvent, les enfants examinent la nature avoisinante, entre deux essais en moulinette. Même si c’est dimanche, la paroi est tranquille. On aperçoit Paul Laperrière en action. Du haut de ses décennies d’expérience, le bâtisseur garde toute la passion qui l’a poussé à développer ses premières voies d’escalade. Aujourd’hui, on lui doit l’ouverture de centaines de voies à Val-David. L’œil rieur, il affirme qu’il n’est pas près d’arrêter. Après quelques montées bien entourées, c’est l’heure de redescendre vers le stationnement. Si vous souhaitez vous initier à l’escalade à Val-David, informez-vous auprès de l’école Passe-Montagne.

Le parc régional Val-David-Val-Morin
Parc d’escalade et de randonnée de la Montagne d’Argent

On étire encore un peu la journée pour profiter au maximum du village. Plusieurs boutiques d’artisanat et autres y ont pignon sur rue. On entre chez Lolipop, où le créateur Jonathan Léon nous accueille, la verve aussi brillante que ses créations de verre. Son allure décontractée contraste avec le fini soigné de ses créations. Tout en chauffant et en manipulant son matériau, l’artiste nous déballe les chapitres de son parcours. Un joli cœur en verre plus tard, on se rend vers Le Baril Roulant. «On veut changer le monde.» C’est avec un certain esprit rebelle que Patrick dirige son empire. À la fois microbrasserie, auberge, restaurant et salle de spectacle, le pub rassemble la communauté à longueur d’année. Arrivez tôt pour profiter de la terrasse en pleine heure dorée. Faites honneur à l’établissement en commandant une sure à la cerise griotte et une bonne poutine forestière. Si vous avez réservé une chambre sur place, poursuivez la soirée, «que les barils roulent». Pour l’option la plus nature possible dans le coin, c’est certainement au Parc d’escalade et de randonnée de la Montagne d’Argent qu’il faut aller (le camping dans le parc est réservé aux grimpeur·euse·s, mais on trouve un autre camping familial juste à côté). Prenez le temps de faire une petite randonnée, le ratio effort/vues en vaut la peine.

Parc d’escalade et de randonnée de la Montagne d’Argent
Parc d’escalade et de randonnée de la Montagne d’Argent

– Jour 3 –

Une heure sur la grande route et on a l’impression d’avoir parcouru une province au complet. En descendant vers le sud des Laurentides, les conifères cèdent la place aux feuillus et aux étendues agricoles. Vergers et vignobles se multiplient et s’entremêlent. Je passe cette dernière journée dans les Laurentides en mode solo. Une finale qui s’annonce douce, ponctuée de rencontres inspirantes où le miel et le cidre se côtoieront joyeusement. Encore quelques détours et j’arrive au Vignoble Rivière du Chêne à Saint-Eustache. Le style californien du bâtiment principal donne la sensation d’être en vacances dès qu’on met les pieds sur le site. Le propriétaire, Daniel Lalande, vient vers moi, un grand sourire franc traverse son visage doré de gars qui passe beaucoup de temps dehors. Faire du vin, ça rend heureux, on dirait. Daniel me parle de la naissance de sa passion alors qu’il visitait lui-même un vignoble. Des années de travail acharné qui permettent aujourd’hui aux touristes comme moi de découvrir la viticulture au Québec et de s’installer paisiblement sur le site pour l’apéro. L’équipe du vignoble a conçu un super panier de produits locaux à déguster sur place, accompagné d’un verre de vin, évidemment. On peut poursuivre l’expérience en visitant sa petite sœur, Vignoble La Cantina.

Vignoble Rivière du Chêne

Entre deux orages, je poursuis ma route vers Intermiel (Le Monde des Abeilles). La pétillante guide-apicultrice Anne-Marie me fait découvrir le monde des abeilles. «Passionnée» est un euphémisme pour décrire cette femme qui était probablement elle-même une abeille dans une autre vie. Tout en visitant les installations, elle démolit plusieurs croyances populaires en m’apprenant que les abeilles ne sont pas méchantes si on les approche avec douceur et calme; que les abeilles quittent un endroit si elles n’y sont pas heureuses; qu’elles ont besoin d’une grande variété de fleurs pour faire leur travail. Anne-Marie s’assure qu’elles ont tout ça, et bien plus. En ouvrant une ruche, elle prend garde de n’écraser aucune de ses amies et m’explique qu’ici, seul le miel «superflu» est récolté. Des visites ont lieu tous les jours de l’été.

Intermiel (Le Monde des Abeilles)
Intermiel (Le Monde des Abeilles)

Le retour à la maison approche, mais j’ai droit à un dernier arrêt avant le saut dans la vie normale. Au début du siècle, Georges-Étienne Lafrance vendait des pommes. Trois générations plus tard, le Domaine Lafrance accueille des milliers de visiteur·euse·s par année et distribue ses produits partout dans la province. Le verger est bien connu pour l’autocueillette et pour son cidre de glace, mais c’est bien plus que ça que je découvre sur place. Entre autres, son gin Dandy, fabriqué à partir d’une eau-de-vie de pomme distillée au domaine. L’équipe élabore avec soin chaque produit, le rendant le plus local et raisonné possible. Il y en a pour tous les gouts et toutes les bourses.

Mon baromètre «j’ai envie de déménager dans cette région» est vraiment haut alors que je quitte les Laurentides. Je vous souhaite autant d’émerveillement tout au long de la 117 et de ses multiples détours.

Nominingue

– Étirer son séjour –

Ce n’est pas l’envie qui manque pour s’installer quelques semaines dans le coin, continuer à déguster du cidre, enchainer les projets d’escalade et les exaltantes descentes en vélo. Si le temps vous le permet, ajoutez une ou deux journées pour visiter les Hautes-Laurentides. La nature y est encore plus sauvage et permet une déconnexion absolue. Vous trouverez plusieurs villages accueillants, comme celui de Nominingue, où on peut passer la nuit dans différents hébergements originaux sur le site Les Toits du Monde. Les copropriétaires, Dior et Sylvain, ont créé une oasis de tranquillité. Aux alentours, vous aurez l’embarras du choix si vous souhaitez sortir en randonnée ou en canot. Poussez encore un peu l’exploration pour vous rendre à Ferme-Neuve. Le territoire abrite le parc régional Montagne du Diable, un espace magnifique où il fait bon se perdre en forêt ou sur un plan d’eau. Consacrez un moment à la découverte des Miels d’Anicet. En plus d’avoir créé un site d’exception pour les abeilles, les proprios vous offrent une table tout à fait incroyable.

Les Toits du Monde

Léa Beauchesne préfère les fuites et les grands espaces aux murs et au bitume. Journaliste et créatrice, elle aime jouer avec les images et les mots pour créer des moments hors du temps où l’humain et la nature se rencontrent. Elle n’aime pas s’en faire, sauf pour son environnement. Vous la trouverez le plus souvent possible en montagne, au bout d’une corde d’escalade, sur son vélo ou ses skis, entourée de trop de chiens et d’un seul humain de préférence.

 

Tourisme Laurentides association touristique régionale (ATR) à but non lucratif formée en 1975 et fonctionnant sur la base du regroupement de membres par une adhésion volontaire de la part des intervenants touristiques de la région des Laurentides.

 

Représentant plusieurs centaines d’entreprises, elle constitue une ressource et un outil d’information précieux pour les visiteur·euse·s lorsqu’ils planifient leurs visites dans la région.

 

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