Virée familiale dans la Baie-des-Chaleurs

Délices locaux, bain d’histoire(s) et promenades sur le bord de la mer: récit d’un court séjour en Gaspésie, avec Sophie Desbiens.

Texte et photos—Sophie Desbiens

En partenariat avec

Dans le cadre de

– Jour 1 –

Dimanche matin, 6 h. Thule loadé, beaucoup (jamais assez) d’équipements de camping, beaucoup (trop) de collations surprises pour tenir le coup des huit heures cinq minutes annoncées par Google Maps.

Un marmot de quatre ans, un bébé de trois mois et deux parents prêts à se trotter: on prend la route, la Gaspésie nous attend!

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Le paysage composé de buildings laisse tranquillement place aux maisons de banlieue, aux jolies maisonnettes de campagne, aux couleurs franches des champs de moutarde, puis aux plages de roches avec vue sur l’infini de la baie des Chaleurs. Plusieurs kilomètres sur la 132 plus tard, nous arrivons enfin au Manoir Belle Plage, à Carleton-sur-Mer, notre hébergement pour la nuit.

Après nous être installé·e·s, nous amorçons notre festival gourmand chez Tosca, un restaurant italien familial mariant les spécialités italiennes, les aliments du jardin et les délices marins de la Gaspésie. C’est frais, c’est exquis, et le charmant staff partage avec nous ses secrets du coin: tout baigne. Points bonis pour la carte des vins recherchée et la très appréciée sélection de bières d’Auval.

– Jour 2 –

 

C’est un matin de vacances comme on les aime: en balade sur le bord de la mer, on se fait sécher les cheveux par le vent qui goute le sel, à la recherche d’un café.

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La Brûlerie du quai semble être l’endroit de prédilection pour notre dose d’énergie matinale.

Puis, direction le parc national de Miguasha. Un territoire de la Sépaq pas comme les autres — un site d’exception qui fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO, et où les plantes et les poissons fossilisés nous dévoilent nos origines.

Nous rencontrons Olivier Matton, le responsable de la conservation et de l’éducation du parc, qui nous guide généreusement. Toute la famille est fascinée par la découverte de fossiles datant de 380 millions d’années. (Ça, c’est bien avant les tyrannosaures, pour remettre la ligne du temps en perspective.) Olivier nous parle de son travail dans la voute de conservation des fossiles trouvés, classés comme des œuvres muséales, avant de nous inviter à aller explorer la palissade extérieure.

Nous quittons ensuite la mer pour la montagne. Olivier Côté Vaillancourt, le directeur général du parc régional du Mont-Saint-Joseph, nous attend pour un tour jusqu’au sommet, où nous aurons droit, semble-t-il, au plus beau point de vue sur la baie des Chaleurs. Promesse tenue. Après avoir exploré le site et contemplé le panorama, nous rencontrons deux couples de Québec qui grillent des hotdogs sur leur barbecue de camping. Nous visitons les magnifiques dômes à flanc de montagne dans lesquels il est possible de passer la nuit — dans notre cas, ce sera pour une prochaine fois.

En arrivant à Carleton, la veille, nous avions aperçu le casse-croute O’Migoua à Saint-Omer (Stomeur Beach pour les gens du coin). Nous cédons finalement à la tentation de nous offrir un piquenique de luxe sur les berges du barachois de la place.

Le ventre plein, nous nous rendons au pied du phare de Carleton-sur-Mer pour assister au spectacle de contes de La Petite Grève. Une cinquantaine de personnes sont rassemblées, avec leurs chaises pliantes, autour d’un homme muni d’une lanterne — et d’une répartie impressionnante. D’emblée, Patrick Dubois engage la conversation avec son public: il demande à une participante de piger un jeton dans son sac à histoires, ce qui déterminera le conte de la soirée. Puis, il se lance.

Pourtant bien suspendu aux lèvres du conteur, notre fils Eugène, quatre ans, décide que les fous de Bassan qui plongent dans la mer derrière nous sont plus intéressants. La gestion parentale nous pique le punch; nous terminons plutôt la soirée en admirant le décor digne d’un fond d’écran. Pas à plaindre, quand même.

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– Jour 3 –

Le jour se lève sur Carleton-sur-Mer, et il en va de même pour la petite famille. Nous nous baladons sur le trottoir de bois qui longe l’eau, pendant qu’un monsieur dégourdit ses doigts sur le piano public. L’air est magnifique, dans tous les sens du terme. Au café, il y a foule: les chaises Adirondack qui meublent l’avant-cour sont remplies de matinaux·ales qui se réchauffent les joues au soleil levant.

Ce matin, nous montons à bord du TaxSea pour une excursion en voilier. Le capitaine désigné: Patrick Dubois, le conteur de la veille. Décidément, le monde est petit, et le tour sera agréable. La baie est calme, donc pas de vitesse malgré les voiles hissées. En revanche, les éléments nous permettent d’observer des mammifères marins: marsouins, phoques et quelques petits rorquals. Les plus courageux à bord — dont Julien, mon amoureux — font un saut dans l’eau, le temps de se demander pourquoi l’endroit s’appelle la Baie-des-Chaleurs (!).

De retour sur la terre ferme, nous prenons la route pour voir où le vent nous mène. À la radio locale, on mentionne qu’il fera beau pour la journée. Après quelque temps dans la région, nous savons désormais que «beau» n’insinue pas forcément le classique combo soleil/chaleur, mais plutôt des vents et des marées favorables. Cela dit, aujourd’hui, tout y est, et nous cherchons une plage pour en profiter.

Cap vers Caplan, où une plage de sable sur fond de parois rocheuses rouges nous appelle. Un terrain de jeu infini pour notre fils, qui s’est amusé à récolter 1 001 trésors qu’il a sagement libérés à la fin de l’après-midi.

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Avant de revenir vers notre hébergement pour la nuit, nous nous arrêtons à l’incontournable cantine Mam’zelle Maria pour savourer sa légendaire poutine. Puis, notre attention est attirée par un spectacle de poésie moderne qui se donne sur le bord de la berge. Deux slameurs et poètes multirécidivistes dansent le tango avec les mots. Leur flow bercé par les vagues et un autre coucher de soleil digne de la même collection de fonds d’écran que la veille rendent le moment magique.

À demain.

– Jour 4 –

Ce matin, c’est l’averse totale. On a du mal à distinguer la ligne d’horizon tant la pluie la brouille. En route vers Bonaventure, nous faisons un arrêt à la Poissonnerie du Pêcheur, où Diogène nous accueille: «Vous avez manqué quelque chose, je viens de couper un poisson long comme ça!» Ça, avec l’estimation de ses mains, équivaut à environ deux mètres. Effectivement, nous aurions aimé être témoins de cette histoire de pêche, mais nous nous contentons de prendre place dans la salle à manger et de déguster une chaudrée de crabe. C’est bon, généreux, onctueux, riche et salé. Nous reviendrons demain pour chercher quelques bonbons des mers à cuisiner.

À notre arrivée à Cime Aventures, notre camp de base pour les deux dernières nuits, nous constatons que la place fourmille. Nous sortons notre attirail de camping et nous installons dans notre cabine, un genre de prêt-à-camper avec lit queen — idéal compte tenu de l’âge de notre tout dernier.

Puis, nous remballons la marmaille et nous dirigeons vers le Café Acadien, situé au bout de la marina du phare. L’endroit est authentique et le menu, rempli de plats à saveur locale. On croise à nouveau les deux couples de Québec fans de hotdogs, qui soupent à côté de nous. Tout est dans tout.

Nous retournons au camp de base pour allumer un feu de camp et griller quelques guimauves. Ce soir, ce sont les crépitements qui berceront les enfants.

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– Jour 5 –

Nous nous réveillons au son des fermetures éclair de tentes qui s’ouvrent pour laisser leurs occupant·e·s prendre une bouffée d’air frais.

Après la mission croissants à la boulangerie artisanale La Pétrie, nous nous dirigeons vers le Bioparc de la Gaspésie pour observer ce que la faune et la flore du Québec ont de plus beau à offrir. Durant notre parcours, nous apprendrons entre autres comment plusieurs des animaux résidents sont arrivés au parc et ont été rescapés. Le coup de cœur familial: le harfang des neiges au sourire franc qui semble porter des pantalons palazzo.

Nous consultons ensuite la carte du circuit des plages pour trouver le meilleur endroit pour nous poser et cuisiner notre festin des mers, attrapé à la Poissonnerie du Pêcheur. Notre choix s’arrête sur la plage Fauvel: intimité, paysage magnifique, et eau assez chaude pour la baignade. Voilà que l’appellation «Baie-des-Chaleurs» prend finalement son sens.

Nous retournons au camping pour enfin profiter de la rivière Bonaventure. C’est confirmé, les photos qu’on retrouve sur la Toile ne sont pas des mirages fabriqués par Photoshop: l’eau est bel et bien turquoise.

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Demain matin, Montréal nous attend. Thule loadé, beaucoup (jamais assez) de souvenirs, beaucoup (trop) de sable dans l’auto: Gaspésie, tu nous reverras!

Sophie Desbiens est directrice de marque en agence de création. Pour elle, c’est dehors que ça se passe. Après une enfance bercée par l’air frais du fjord du Saguenay, elle mène maintenant une vie active entre le chalet et la ville. Elle aime découvrir les petits recoins de la Belle Province et, surtout, les faire découvrir aux autres.

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