Construire une cabane à oiseaux avec Donald

Texte — Eugénie Emond
Photos — Catherine Bernier
Illustrations — Mélanie Masclé


Les savoir-faire de nos grands-parents

Les aînés qui ont côtoyé la nature toute leur vie possèdent sans doute des antennes plus affutées que les nôtres. Mais parce que nos liens avec eux sont souvent coupés, la plupart se retrouvent seuls avec une montagne de connaissances et d’expériences qu’ils ne peuvent partager.

Avant qu’il ne soit trop tard, BESIDE veut se faire le passeur du savoir (et des histoires) d’aînés québécois de plus de 80 ans. Pour ce faire, notre collaboratrice Eugénie Emond nous présente quatre de ses amis et les projets qui les animent.

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Donald Tremblay

Québec, 82 ans

Donald et Ginette habitent le pont d’un navire. Leur appartement situé au huitième étage d’une luxueuse résidence privée pour ainés de Québec est rempli d’artéfacts marins. Près de la fenêtre, une longue-vue étincelante pointe la ville qui s’étend plus bas. Un immense gouvernail, sur lequel Donald a déposé une vitre ronde, sert de table de salon. Sur les murs : un sextant, une statue de scaphandrier, des goélettes miniatures et une peinture du Flâneur II, son embarcation la plus fidèle. Plusieurs objets de ce musée maritime ont été fabriqués et conçus par Donald — comme les deux urnes funéraires à leurs noms en forme de bateaux, tout en haut de la bibliothèque. Donald les a gossées à même une planche de l’épave de l’Empress of Ireland, dont il avait fait la découverte au large de Sainte-Flavie, en 1964.

À mon arrivée, la télévision est allumée sur la chaine Historia, où commence l’émission Chasseurs d’épaves. Ça ne s’invente pas. Issu d’une lignée de marins et de capitaines de goélettes du Bas-Saint-Laurent — qui par ailleurs ne savaient pas nager —, Donald a été un peu ça : un chasseur d’épaves. En 1950, le jeune homme, alors mécanicien de navire, a décidé d’explorer les fonds marins. Cousteau avait modernisé le scaphandrier depuis peu, mais la plongée ne faisait pas encore beaucoup d’adeptes au Québec. Donald a donc fait venir de l’équipement d’Europe et a lu un livre sur le sujet. La première fois qu’il a plongé dans l’eau glacée avec sa bonbonne, il avait deux jeans et une froc d’aviateur pour se protéger du froid.

Avec le temps, Donald s’est créé un sideline: celui de plongeur professionnel. Les fins de semaine, il partait dynamiter des quais, chercher des noyés ou couper des câbles empêtrés dans des hélices de bateaux. Ginette restait à la maison avec leurs quatre enfants à se faire du mauvais sang. À 82 ans, Donald ne ressent nullement les conséquences physiques de ces années passées sous l’eau; au contraire, c’est à elle qu’il attribue sa santé de fer. Il se souvient que lorsqu’il partait en bateau avec son père, leurs réserves d’eau potable étaient puisées à même le fleuve (particulièrement pollué à l’époque). De quoi lui fournir des anticorps…

Donald et Ginette ont emménagé dans leur résidence pour personnes âgées il y a cinq ans. Des années de sursis pour celui qui ne croyait jamais vivre si vieux. Il y a apporté ses outils et a exigé l’installation d’un atelier communautaire au sous-sol, dans le fond du stationnement souterrain. C’est là qu’il a fabriqué les urnes. Patenteux et autodidacte, Donald sait tout faire, ou presque. De temps en temps, les résidents lui demandent de réparer divers objets. Et en cette ère d’obsolescence programmée, ses connaissances valent leur pesant d’or.

— Construire une cabane à oiseaux —

Donald a fabriqué quelques cabanes à oiseaux au cours de sa vie — une belle activité à faire avec les jeunes qui commencent à bricoler. Ces cabanes peuvent prendre différentes formes, mais certaines règles de base doivent être respectées si on veut espérer y apercevoir des oiseaux un jour.

Couper une planche de bois de ¾ de pouce d’épaisseur en 7 morceaux de 6 po sur 6 po. On peut choisir du bois récupéré, mais ce dernier ne doit pas avoir été peinturé et ne doit pas dégager trop d’odeurs pour ne pas rebuter les oiseaux.

Visser cinq morceaux ensemble pour former une boite ouverte sur le dessus. Y ajouter le toit avec les deux planches restantes. Préférer les vis aux clous pour faciliter le nettoyage de la cabane; la planche du fond pourra être dévissée au besoin. Ne pas utiliser de colle, qui ne survivrait pas aux intempéries.

Faire un trou d’environ un pouce et demi de diamètre sur l’un des murs. Le trou ne doit pas être trop imposant; les oiseaux de grande taille — ou autres prédateurs — ne doivent pas avoir accès à la cabane.

Recouvrir l’extérieur de la cabane d’huile de lin. Ne pas peinturer l’intérieur.

Visser un anneau au centre du toit pour attacher la cabane à l’extérieur.

Eugénie Emond est journaliste indé­pendante et étudiante à la maitrise en gérontologie à l’Université de Sherbrooke. Elle signe la série documentaire En résidence, diffusée à MAtv, et collabore à différents médias, dont le magazine Nouveau Projet.

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Cet article a été publié dans le numéro 06.

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