Définir nos écoémotions

Parce que les feux en Australie et les discours de Greta nous ont brassé l'intérieur ces derniers mois. 

Texte — Catherine Métayer

À moins que vous soyiez un.e champion.ne du déni, le changement climatique et ses effets occupent une place importante dans vos conversations quotidiennes. 

Il y a les inondations, en forte récurrence; les feux de forêt incontrôlés et incontrôlables de la Californie et de l’Australie; les phénomènes météorologiques dits «exceptionnels», mais qui le sont de moins en moins. Il y a aussi la fonte du pergélisol, à laquelle assistent, impuissantes, les communautés du nord. 

Même si vous êtes en sécurité quelque part au milieu de tout ça, vous n’échappez surement pas à l’avalanche d’articles et de reportages sur le sujet. Pour couronner le tout, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a reconnu, en 2019, que le changement climatique était responsable d’un accroissement de l’anxiété et du stress chez les humains. Nous devrions en effet être plus conscients du poids affectif que cette crise fait peser sur nous.

Il semble que de «nommer» la douleur, après une blessure, facilite la guérison. On vous propose donc quelques mots tirés du vocabulaire — de plus en plus riche — associé à l’écoanxiété, pour vous montrer que vous n’êtes pas seul.e. 

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Météoanxiété

Anxiété provoquée par l’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes.

Écoparalysie

Incapacité de réagir aux problèmes environnementaux due à la peur ou au désespoir.

Écoculpabilité

Culpabilité suscitée par l’opposition entre l’inaction et la volonté de faire quelque chose pour l’environnement. Le terme suédois flygskam, ou la « honte de prendre l’avion », renvoie à une forme particulière d’écoculpabilité.

Solastalgie

Détresse causée par la perte et le deuil d’un lieu ayant été altéré de manière irréversible. Il s’agit de l’expérience existentielle et vécue de la dégradation environnementale, comme la disparition des glaciers pour les communautés inuites du Canada; d’une forme de mal du pays que l’on ressent alors même que l’on se trouve chez soi.

Terrafurie

Sentiment de colère provoqué par les sévices infligés à la planète et partagé par de nombreux activistes.

Tierratrauma

Profond traumatisme émotionnel associé à l’expérience d’une catastrophe environnementale.

Global dread ou appréhension globale

Anticipation d’un futur apocalyptique.

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Le terme soliphilie est formé de soli, qui vient du mot français « solidarité », et de philía, qui veut dire «amour» en grec ancien. Le philosophe de l’environnement Glenn Albrecht considère la soliphilie comme l’antidote à notre écoanxiété et la définit comme:

Un sentiment d’amour pour un lieu, une biorégion ou la planète, de même que pour l’interdépendance des êtres qui le ou la composent, et une volonté d’accepter la responsabilité politique de sa protection et de sa conservation à toutes les échelles. 

Il s’agit de la solidarité qui doit s’incarner entre les individus pour permettre la restauration des environnements ayant subi des dommages. La soliphilie est très présente dans les manifestations en faveur du climat, mais elle peut aussi être suscitée par une simple balade en forêt en bonne compagnie.

Source : ‬Glenn A‭. ‬Albrecht‭, ‬Earth Emotions‭: ‬New Words for‭ ‬ a New World‭, ‬Presses de l’Université Cornell‭, ‬15‭ ‬mai 2019‭.‬

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Cet article a été publié dans le numéro 07.

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