Le petit guide vanlife

Bien plus qu’un simple mot-clic qui vous donne envie de lâcher votre job, la #vanlife est en train de devenir un incontournable pour découvrir le Québec cette année.

Texte & photos — Vanlife Sagas

La «vie de van», à mi-chemin entre le camping traditionnel et le road-trip improvisé, risque de faire beaucoup de nouveaux adeptes au Québec. Son avantage: sa flexibilité. Vous pouvez aménager le véhicule de votre choix avec l’équipement dont vous avez besoin pour coller à un style de vie précis. Les vans artisanales que vous croiserez au Québec cet été sont littéralement des prolongements du chez-soi de leurs propriétaires. Comme des micromaisons sur roues qui promettent une sensation de liberté surprenante à ceux qui se lancent dans l’aventure.

Ça vous intéresse? Voici un miniguide pour mieux comprendre les bases de la vanlife.

La très courte histoire du vanning

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Détrompez-vous: même si les photos de pieds étendus entre les deux portes arrière d’une van sont maintenant populaires sur Instagram, ce n’est pas un millénial qui a inventé le #caravanlife.

On voyage en van — ou en caravan — depuis les années 1800. En Europe, les gitans avaient déjà adopté la caravane couverte pour leurs nombreux déplacements. En Amérique du Nord, c’est en 1904 que le premier VR motorisé fait son apparition. Il faut attendre l’après-guerre (1950) pour que les grandes compagnies emboitent le pas. On a vu se répandre les motorisés Ford, Hymer, Airstream et le célèbre Winnebago. Pendant la période Peace and Love (1960), n’importe quel véhicule devient un logement potentiel: fourgonnette, camion, automobile et, un grand classique, l’autobus scolaire.

Les milléniaux posent donc la plus récente brique de l’histoire de la vie en van. La création du mot-clic #vanlife, par Foster Huntington en 2009, a donné le coup d’envoi à la tendance qu’on connait. Fortement inspirée de l’improvisation des années 1960, on croise aujourd’hui toutes sortes de «maisons sur roues» plus ou moins artisanales au Québec.

Finalement, la grande différence, c’est que les gitans n’avaient pas Instagram.

Les 7 nuances de vans

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Il existe donc un nombre illimité d’options pour faire vos premiers dodos sur la route. Surtout qu’aujourd’hui, on peut convertir à peu près n’importe quelle machine qui a des roues (je donne une Pop-Tart au premier qui convertit une moto).

Histoire de garder ça simple, voici les conversions qu’on croise le plus fréquemment au Québec, avec une estimation très vague des prix pour un projet incluant le véhicule:

1.Le fourgon (de 20 000$ à 150 000$)

On parle ici des Mercedes Sprinter, des RAM Promaster et des Ford Transit. Vous en croisez chaque jour en ville, puisque plusieurs flottes commerciales sont constituées de fourgons. Pensez simplement à certains camions de Postes Canada, de FedEx ou au camion de Luc chez Plomberie 2000.

Le grand avantage du fourgon est sa flexibilité. Vous pouvez pratiquement installer n’importe quoi là-dedans (il a été conçu pour le domaine commercial) et vous tenir debout dans les modèles à toit haut. Son plus grand défaut, toutefois: l’espace y est juste assez limité pour vous rappeler que vous n’êtes pas dans un VR de luxe. Oubliez les télévisions 55 pouces, les toilettes Bluetooth et les fours en stainless.

Après avoir fait quelques sacrifices quant aux équipements que vous apportez à bord, sur l’échelle du mode camping, on donne au fourgon un 2/5.. Voici combien le nôtre a couté, pour vous donner une idée:

Combien coûte une conversion? (vidéo en anglais) 

2.La camionnette pleine grandeur (de 5 000$ à 60 000$)

On croise beaucoup de camionnettes converties sur la 20. Tout comme les fourgons, elles sont prévues pour toutes sortes d’utilisations commerciales (transport, passager, construction, etc.), mais sont un peu moins grosses et moins longues. Pensons simplement aux Ford Econoline, aux Chevrolet Express ou au GMC Savana.

Leur gros avantage: ils sont robustes et discrets. Ils passent inaperçus à peu près n’importe où et ça, c’est pratique quand on improvise un road-trip. Leur inconvénient: ils sont encore plus compacts qu’un fourgon et poussent souvent leur propriétaire à vivre «autour» de leur véhicule (ex. : cuisine extérieure).

Mode camping: 3/5

Photo: Native Campervans

3.La minifourgonnette (de 5 000$ à 40 000$)

On parle ici de LA «minivan»: véhicule préféré des parents-qui-reconduisent-les-enfants-au-soccer. Plusieurs collègues québécois se promènent en minifourgonnette convertie et sont plutôt agiles.

Ils passent non seulement incognito lorsqu’ils sont installés en ville, mais en plus, ils trouvent le moyen d’être à l’aise dans un très petit espace. Celui-ci peut être constitué d’un seul grand lit déposé sur un système de tiroirs. Impressionnant à voir.

Chose certaine, c’est petit!
On est en mode camping à 3.5/5.

 

4.Le Skoolie (de 15 000$ à 75 000$)

Le classique des années 60 revisité: l’autobus scolaire. Que ce soit dans une version courte (minibus) ou pleine grandeur, vous risquez d’en croiser quelques spécimens cet été.

Ici, l’espace n’est plus un problème. Certains véhicules ont un salon, une cuisine, une salle de bain et une chambre à coucher (je rêve d’une allée de quilles). Toutefois, gros défi: le manœuvrer. Se promener dans les rues de Montréal avec un autobus de 52 places devrait être une épreuve à Fort Boyard.

Mode camping: 1/5

5.La voiture (de 5 000$ à 30 000$)

Comme les pilotes de minifourgonnettes, les adeptes de vanlife en voiture sont parmi les plus débrouillards. Ils maitrisent l’art de la banquette baissée et du Tetris-Bagages. Bien que ce soit une manière simple et minimaliste de parcourir la Gaspésie, cette discipline n’est pas pour tout le monde. Attention aux maux de dos et à l’humidité dans le parebrise.

Mode camping: 4/5

Photo: Balkan Campers

6.Les vieux bazous

Une catégorie fourretout: les vieux véhicules avec beaucoup de cachet. C’est dans cette catégorie qu’on retrouve le Winnebago, le Airstream et le légendaire Westfalia. Des véhicules préfabriqués, souvent retapés par leur propriétaire, qui donnent une seconde vie à une vieille machine d’aventure.

Leur avantage incontesté: ils sont jolis et sentent le vieux cuir au soleil.

Leur inconvénient: ils sont capricieux et peuvent finir par sentir la gazoline.

Photo: Wilian Justen de Vasconcello

7.Les VR traditionnels (de 5 000$ à 200 000$)

Sachez que les amateurs de VR «plus traditionnels» font partie de la tendance depuis le tout début. Ne les excluons pas.

Vous savez, ces grosses boites de tôle avec des fioritures colorées stationnées au camping municipal? Ou ces classiques trailers qui peuvent être longs de 40 pieds. Ils offrent le plus grand nombre d’options pour tous les types de voyageurs: douche, toilette, télévision 50 pouces, cuisine complète, en remorque, en fifth-wheel, etc. Parfait pour ceux qui veulent se promener un peu tout en étant confortablement installés.

D’ailleurs, phénomène intéressant: les grandes compagnies de location de VR traditionnels commencent à investir dans les fourgons modifiés. Parait-il que les plus vieilles générations développent de plus en plus le gout de l’aventure.

Mode camping pour le VR traditionnel: 0.5/5

Le véhicule parfait?

Il n’existe pas. Le choix d’un véhicule idéal dépend d’une multitude de facteurs très personnels:

–   Votre budget (j’ai 20 000$)

–   Vos besoins (je veux bien dormir)

–   Vos intentions d’utilisation (je veux pouvoir cuisiner)

–   Vos connaissances mécaniques (je ne connais rien dans les chars)

–   Votre physique (je mesure 6 pieds 4 pouces)

Inutile, donc, d’acheter le premier beau véhicule que vous trouverez sur Kijiji. Faites-vous d’abord une liste de priorités très précises (voir les exemples ci-dessus). Vous verrez la vitesse à laquelle les options vont disparaitre pour faire place à votre véhicule de rêve. Un petit exemple: si vous mesurez 6 pieds 1 pouce et que vous voulez vous tenir debout dans votre van, la moitié des options viennent de prendre le bord, comme on dit. C’est presque de la magie.

Voici d’ailleurs une petite vidéo (en anglais) qui détaille la réflexion ayant mené à l’achat de notre RAM Promaster:

La van parfaite pour la vanlife (vidéo en anglais)

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Maintenant que nous avons fait un tour d’horizon des différents carrosses qui pourraient vous permettre de partir à l’aventure, voici quelques conseils pratiques pour bien démarrer vos premiers kilomètres sur les routes du Québec en vanlife.

Vous verrez, ce n’est pas tout à fait comme le camping.

Comment dormir?

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Il existe plusieurs manières de vous reposer une fois le soir venu. Contrairement à l’habitude, où les motels et les hôtels sont les premières ressources pour fermer l’œil pendant un voyage au Québec, la vie en van ouvre tout un éventail de possibilités.

1.Les campings

Le Québec regorge de campings de toutes sortes pour vous aider à vous familiariser avec la vie en van. La plupart d’entre eux sont payants, mais viennent avec des commodités (eau, électricité, laveuse-sécheuse et… miniputt!). Ce sont des endroits idéaux pour s’habituer à vivre dans un petit espace tout en découvrant notre territoire.

Nous sommes d’ailleurs choyés chez nous: la combinaison des offres de la Sépaq et de Parcs Canada fait du Québec l’une des meilleures destinations au pays où camper l’été!

2.Les pit-stops 

Ici, on parle de différents endroits publics où les vans sont tolérées quelques nuits à la fois. Il s’agit principalement de stationnements municipaux, de Walmart, de marinas, d’arénas ou de toute autre étendue vague qui n’interdit pas la présence de véhicules motorisés pendant la nuit. Assurez-vous bien vous informer sur les règlementations locales avant de vous installer quelque part.

3.Le boondocking 

En d’autres mots: du camping sauvage, off grid, complètement en nature. Ces endroits sont généralement plus reculés et offrent peu de proximité à quelque service que ce soit. Le boondocking est généralement réservé à ceux qui veulent avoir la paix et qui sont en mesure de s’organiser sans les services habituels (eau, électricité, toilettes, etc.).

Histoire de vous simplifier la vie, iOverlander est une application qui vous indique les différents endroits plus ou moins officiels où il est possible d’arrêter pour se reposer. C’est comme un Google Maps secret. Ça va vous éviter de chercher des spots à trois heures du matin. Ou pire, de vous faire réveiller par la police qui se demande qu’est-ce que vous faites en bobettes dans un stationnement d’école primaire.

iOverlander: http://ioverlander.com/

Endroit préféré de Dom:

Rue de la Croix, Les Escoumins. Une pointe asphaltée qui donne directement sur le fleuve. Parfait pour un café au lever du soleil, assis sur les roches avec les goélands.

Comment se comporter?

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Sans dire qu’il existe un code d’éthique officiel pour les gens qui vivent ou voyagent en van, une série de règles non écrites s’appliquent pour la communauté. En voici quelques-unes, en bref:

  1. VÉRIFIEZ auprès du propriétaire d’un commerce ou d’un site où vous souhaitez passer la nuit si vous pouvez vous y installer. Sans quoi vous risquez des petites chicanes pas l’fun.
  2. ENCOURAGEZ le commerce local. Même si le pit-stop et le boondocking permettent un repos à peu de frais, passez au restaurant du coin ou à l’épicerie pour votre souper, par exemple.
  3. RESTEZ discret. Les vanlifers ne doivent pas devenir une nuisance pour les habitants des endroits visités. Pas de bruit, de musique, de chaises de parterre, de génératrice, de grands groupes ou de tentes à proximité des lieux publics.
  4. NE DÉVERSEZ rien:  déchets, nourriture, liquide, eau noire ou grise: rien ne devrait être laissé sur place, sous aucun prétexte. L’utilisation de contenants réutilisables est une bonne option pour minimiser l’impact environnemental de vos séjours.
  5. CONSERVEZ une distance raisonnable avec les établissements qui vous accueillent. Les Walmart en sont un bon exemple: certains propriétaires sont heureux de vous accueillir, mais ne veulent pas nécessairement que vous vous brossiez les dents devant la porte du magasin.
  6. LAISSEZ l’endroit plus propre qu’il ne l’était. Il n’est pas rare que les adeptes de vanlife ramassent les déchets qui sont déjà présents sur les sites visités. Faites de même et encouragez les autres voyageurs à faire comme vous.
  7. NE DÉFRICHEZ pas. La tentation est forte de couper un buisson, de bouger une roche ou de passer la tondeuse pour se rendre sur le bord d’une falaise avec votre véhicule, histoire d’avoir une vue sur le fleuve au réveil. Pas permis. Tenez-vous-en aux endroits qui ont déjà des traces de pneus. C’est ça, le truc.

Une bonne éthique sur la route permet à la communauté de rester la bienvenue dans les différentes régions du Québec. Il est donc important de suivre ces propositions pour éviter que les pancartes «VR Interdits» se multiplient.

Dans le doute, utilisez le gros bon sens!

Le futur de la vanlife: voyage + travail

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Si la récente crise nous a appris quelque chose, c’est qu’on est peut-être plus efficace qu’on ne le pensait en matière de travail à distance. Plusieurs salariés québécois confirment que le télétravail a changé positivement leur rapport au boulot.

La vie de van est donc une tendance qui évolue. D’abord ravivée par les milléniaux sans attaches se débrouillant avec un ordinateur portable, cette tendance voit apparaitre de nouveaux adeptes: des moins jeunes, des professionnels, des familles et des entrepreneurs qui sillonnent les routes du Québec. Ils se lèvent le matin avec leur portable pour gérer quelques courriels avant de filer en kayak pour une excursion autour du rocher Percé; leur van stationnée plus haut sur la falaise du Camping Côte Surprise à Percé.

Comme quoi l’équilibre travail-famille semble se pointer à l’horizon. Le genre de liberté dont rêvaient nos parents dans leurs autobus fleuris des années 60, n’ayant aucune idée qu’on s’inspirerait d’eux 60 ans plus tard, aidé d’un virus planétaire et d’une technologie qu’on appelle les internets.

Depuis 2014, Dominic Faucher est directeur de création et associé de l’agence Orkestra, à Gatineau. Mariepier Bastien est doctorante en éducation à l’Université d’Ottawa. Ensemble, ils forment le duo derrière Vanlife Sagas: un projet de création de contenu relatif au monde du vanning en Amérique du Nord.

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