Sous le soleil chaud du Montana avec Charles Post

Illustration — Florence Rivest

Photographe, biologiste et réalisateur américain, Charles Post se sert du pouvoir de l’image pour susciter des réflexions sur l’environnement. Il a réalisé les courts métrages documentaires Horse Rich & Dirt Poor, qui traite des répercussions de la sècheresse sur les chevaux sauvages de l’Ouest américain, et Sky Migrations, sur la migration des rapaces en Amérique. Pour lui, les écosystèmes sont des baromètres de notre bienêtre collectif. 

Depuis sa véranda ensoleillée dans le sud-est du Montana, Charles a répondu au questionnaire BESIDE.

Ton plus grand paradoxe.
Je suis écologiste. Je passe mon temps à parler de science, de l’importance de vivre en harmonie avec la nature, de prendre soin d’elle et de se rappeler que les humains en sont partie intégrante. Pourtant, je voyage en avion, en train et en voiture, ce qui rejette des quantités phénoménales de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Je contribue donc à détruire précisément ce que je tente de préserver.

Ton plus beau souvenir d’enfance en nature.
C’était en octobre au lendemain d’une tempête de pluie, phénomène fréquent à l’époque dans le nord de la Californie. Le niveau du ruisseau le long de notre clôture arrière avait fini par s’abaisser; l’eau avait retrouvé sa clarté et son débit paresseux. Un saumon coho remontait le courant en direction du petit barrage sous le pont en amont. Mon père m’a hissé par-dessus le grillage de la clôture. Seau en main, j’ai réussi après quelques tentatives à capturer le poisson, afin de le transporter de l’autre côté du barrage pour qu’il reprenne sa route. C’est là que j’ai compris que même un jeune garçon pouvait changer la vie d’un animal sauvage.

La connaissance ou le savoir-faire que tu aimerais acquérir.
J’aimerais savoir reconnaitre le chant des oiseaux quand je me promène en forêt et parvenir à les identifier. Il y a plusieurs espèces d’oiseaux chanteurs et de lieux où assister à leurs concerts. Il faut toutefois du temps pour développer cette aptitude.

Ton écart climatique.
Je suis chasseur, mais j’éprouve un amour indicible pour la faune et les espèces que je traque.

Un livre qui a changé ta vie.
Almanach d’un comté des sables par Aldo Leopold.

L’endroit qui te rend le plus heureux.
Les iles Lofoten en Norvège.

Ce qui devrait disparaitre de la planète.
Le climatoscepticisme.

Un documentaire que tout le monde devrait voir.
Fantastic Fungi.

L’ingrédient essentiel pour bâtir un avenir durable.
Une population mondiale qui comprend et apprécie l’écologie dans toutes ses subtilités.

Un aspect positif qui émerge de la crise actuelle.
Au fil du temps, surtout depuis l’abandon de ma carrière de scientifique de terrain, j’ai dû voyager de plus en plus pour le travail. Pendant des années, je me suis retrouvé sur la route plus des deux tiers du temps. Être chez moi me manquait. Mon jardin me manquait. Être enraciné quelque part me manquait. En tant qu’écologiste, je me nourris des liens étroits que je tisse avec la nature. Depuis la quarantaine, je constate que mon rapport à mon domicile et au monde s’est développé et approfondi de multiples façons extraordinaires.

Et pour terminer, bois-tu assez d’eau?
Oui! Mais je pourrais faire mieux. Je me fais un point d’honneur de boire presque chaque heure et je dois cette habitude à ma femme, Rachel Pohl, qui passe son temps à s’hydrater. (Merci Rachel!)

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