S’adapter, tout le monde en même temps

Chez Ouranos, on prépare le Québec touristique de demain, en collaboration étroite avec les gens de terrain.

Texte—Mélanie Gagné
Photos—Sophie Corriveau

En partenariat avec

« La vraie intelligence de l’être
humain, c’est sa capacité d’adaptation.
Il se fait à tout, y compris au pire. »
—Sebastião Salgado

Chaque seconde, de nouvelles existences s’écrivent dans le sillage de celles qui se terminent. Sur Terre, près de huit milliards d’êtres humains, mais une quantité infinie de traces de vie. La planète réagit à ces mouvements perpétuels : elle s’altère et se réchauffe, irrémédiablement. Chez nous, au Québec, la saison enneigée s’écourte, pendant que les vagues de chaleur, les épisodes de fortes pluies et la montée des eaux s’intensifient. Il est essentiel de réfléchir à la façon dont nous pouvons agir face à cette nouvelle réalité.

Depuis 2001, Ouranos, un consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, travaille justement à bâtir un Québec plus résilient. Deux évènements météorologiques extrêmes ont mené à sa création : le déluge du Saguenay de 1996 et la crise du verglas de 1998. « Avant ça, le réchauffement de la planète et ses impacts n’étaient perçus qu’ailleurs dans le monde. Les décideur·euse·s ont réalisé que la société québécoise était aussi vulnérable au climat. Ils ont donc créé un organisme frontière capable de réunir les joueur·euse·s clés pour élaborer des solutions d’adaptation à la transition climatique », raconte Stéphanie Bleau, coordonnatrice du programme Tourisme.

Si tous les secteurs d’activité sont touchés par les changements climatiques, il reste que pour le tourisme, la situation est particulièrement délicate. Les attraits naturels et les paysages nordiques du Québec sont de véritables joyaux, qui attirent des gens d’ici et d’ailleurs; il est important de savoir comment les préserver à long terme — d’autant plus que bon nombre d’emplois y sont rattachés. La production de connaissances sur le changement climatique et l’accompagnement des acteur·trice·s de l’industrie permettront de développer une économie touristique plus résiliente, et de saisir des occasions d’affaire. C’est pourquoi l’on gagne à lier davantage climat et tourisme dans la recherche et développement.

Mais oubliez le cliché du scientifique solitaire qui travaille dans un laboratoire poussiéreux. L’équipe d’Ouranos ne correspond en rien à cette caricature. Depuis 2010, elle accompagne le milieu touristique par des activités concertées qui permettent de faire la lumière sur l’enjeu climatique, d’envisager des stratégies d’affaires conséquentes, d’établir des mesures d’adaptation et d’en évaluer le cout. En d’autres mots : elle dialogue avec les gens qui sont sur le terrain afin de trouver des solutions appropriées à la réalité du monde entrepreneurial.

Concrètement, Ouranos fait donc le pont entre la science et les acteur·trice·s de changement. « Ce qui m’a toujours intéressé, c’est que la science ait des retombées concrètes et assez immédiates dans la société, explique le directeur général, Alain Bourque. Beaucoup de scientifiques s’enfoncent dans les détails; moi, à la limite, je voudrais qu’on diffuse davantage de messages simples et de certitudes au sujet de la gestion de la météo, du climat et de leurs impacts. »

Ouranos ne pose pas uniquement son regard sur le Québec. Le consortium s’inspire également des bonnes pratiques des pays qui ont dû s’adapter aux changements climatiques avant nous : « Les Alpes, les Pyrénées et l’Australie vivent des hivers et des étés très chauds. Dans les Alpes, par exemple, des stations de ski qui étaient en monoactivité se sont ajustées. En basse altitude, des stations ferment parce qu’elles n’ont pas la neige nécessaire pour garantir l’offre aux client·e·s. Il y a eu une remise en question des pratiques, des modèles d’affaires, des lieux géographiques, des flux touristiques internationaux, des comportements de la clientèle. Ces expériences sont pertinentes pour nous », soutient Stéphanie Bleau. Ouranos échange également avec des universités au Canada, en Europe et ailleurs, dans une optique de partage des expertises et de création de partenariats.

Voici donc trois histoires d’adaptation, qui se déroulent chacune dans un coin du Québec — des projets élaborés dans le cadre du programme Tourisme d’Ouranos et financés par le Fonds vert.

Un living lab Laurentien
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Dans les Laurentides, le portrait climatique des prochaines décennies inclut les éléments suivants : pluies torrentielles (gare aux glissements de terrain !), orages de forte intensité, épisodes de redoux hivernaux plus fréquents — avec les conséquences que l’on imagine pour le tourisme de la région, très axé sur le plein air.

« Nous avons de gros défis pour adapter notre industrie aux changements climatiques », confirme Maurice Couture, coordonnateur du Living Lab Laurentides et directeur du créneau d’excellence ACCORD. C’est justement pour mobiliser les intervenant·e·s touristiques et économiques régionaux que son organisation et Tourisme Laurentides ont implanté un living lab  dans leur coin de pays, en collaboration avec Ouranos.

Qu’est-ce qu’un living lab ? En français, on pourrait joliment traduire par « laboratoire vivant » — un laboratoire d’innovation qui se déplace là où il y a un projet à réaliser et des solutions à trouver.

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Généralement, les personnes qui y travaillent sont issues d’horizons différents, question de varier les expertises et de stimuler l’évolution des idées.

« On met tout le monde à contribution dès le début — le ou la client·e et différents détenteur·trice·s de connaissances. On essaie d’avancer ensemble, de cocréer une nouvelle expérience touristique. Ça fait émerger des idées qu’on n’aurait peut-être pas eues à la base », explique monsieur Couture. Le partage de résultats et de bonnes pratiques avec la communauté fait aussi partie du concept. Si une solution est adéquate pour un ou une intervenant·e touristique, elle pourrait l’être pour d’autres.

Après avoir approché des organisations touristiques et lancé des appels de projets, le Living Lab Laurentides a donc accompagné une dizaine d’équipes dans leur processus de cocréation et de prototypage de solutions innovantes en adaptation aux changements climatiques. Six secteurs d’activités prioritaires ont été ciblés : aventure – plein air, pourvoiries – camping, hébergement, ski alpin – ski de fond – raquette, évènements et véhicules hors routes. Un exemple de projet retenu par le Living Lab ? Le réaménagement de sentiers, propulsé par quatre gestionnaires touristiques.

Dans les Laurentides comme dans plusieurs régions de la province, les sentiers pédestres ont été créés par des bénévoles qui ne se doutaient pas qu’autant de personnes les sillonneraient un jour. Or, ils tremblent sous l’achalandage actuel — et les changements climatiques en rajoutent. L’eau de ruissèlement, provenant des pluies de plus en plus abondantes et de la fonte des neiges, provoque des dommages (glissements de terrain, bris de ponceaux). Les sentiers doivent donc être réparés et repensés pour garantir la qualité de l’expérience et la sécurité de la clientèle, tout en préservant le territoire. Le Living Lab a outillé les gestionnaires de lieux de randonnée sur la question, en leur donnant entre autres accès à une formation de trois jours.

Pour Jean-François Boily, directeur du Parc régional de Val-David – Val-Morin, l’initiative est tombée à point : « Ça m’a ouvert les yeux sur l’importance d’aménager les sentiers dans une perspective de développement durable. Par exemple, certains sentiers ont beaucoup de roches : on peut s’en servir pour concevoir un escalier. Il sera plus long à construire, mais il sera là pour longtemps. » Un autre apprentissage ? Monsieur Boily sait maintenant comment procéder pour que l’eau s’écoule aisément d’un sentier — on doit entretenir un corridor de chaque côté. De quoi faire face aux pluies diluviennes actuelles et à venir.

Bromont Montagne d’expériences (Olivier Jobin)

 

Des stations de ski repensées dans les Cantons-de-l’Est
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Gabrielle Larose adore l’hiver. Le sol recouvert de poudreuse scintillante, l’air pur et franc, les paysages immaculés. Elle a plusieurs paires de skis dans son placard, et toujours hâte de dévaler les pentes. « La nordicité nous définit, au Québec. C’est dans notre ADN. J’ai envie de croire que l’hiver est là pour longtemps, même s’il change. Les stations de ski vont devoir se réinventer, être créatives, pour que nous puissions en profiter en toute saison », soutient la principale chargée de projet pour l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ).

Madame Larose est loin d’être la seule passionnée de ce sport, qui constitue un élément incontournable de l’offre touristique québécoise. La province compte en effet 75 stations, dont beaucoup sont des moteurs d’activité économique régionale. Malgré son importance, cette industrie a perdu des plumes au cours des trois dernières décennies, notamment à cause du vieillissement de la population, de la concurrence intérieure et internationale, de la désuétude des infrastructures — s’ajoute à cela la météo en dents de scie. En 2015-2016, elle a connu sa pire performance depuis 20 ans, selon l’ASSQ. Ce bilan catastrophique a montré la nécessité d’examiner les impacts des changements climatiques sur l’industrie. Car l’imprévisibilité et la variabilité des saisons ont une influence notable sur la clientèle, les revenus et les mécanismes de prise de décision.

Dans les Cantons-de-l’Est, l’industrie du ski génère des retombées annuelles de plus de 150 millions de dollars. Une analyse économique des mesures d’adaptation aux changements climatiques dans le secteur a donc été amorcée par Ouranos en 2016, en collaboration avec Tourisme Cantons-de-l’Est, le ministère du Tourisme, deux municipalités régionales de comté (MRC), trois stations majeures (les monts Bromont, Sutton et Orford) et l’ASSQ.

Owl's Head (Mathieu Dupuis)

À l’étude : répercussions des changements climatiques sur l’achalandage, impacts socioéconomiques régionaux et rentabilité des mesures d’adaptation. « On aime l’approche d’Ouranos, qui transforme les connaissances scientifiques en connaissances opérationnelles. Ça aide les acteur·trice·s de l’industrie à intégrer les risques climatiques dans leur planification. Des outils concrets ont été développés pour les accompagner là-dedans, afin qu’ils prennent des décisions d’affaires éclairées et qu’ils fassent de bons choix d’investissements, tout ça en collaboration régionale. C’est à ça que je crois fondamentalement pour l’avenir. Les entreprises ne doivent pas travailler seules », note Gabrielle Larose.

Un exemple d’outil concret conçu pour les gestionnaires des stations de ski : un logiciel qui permet de simuler les meilleurs investissements, en tenant compte des projections d’achalandage en contexte de changements climatiques.

Charles Désourdy, président de Bromont, montagne d’expériences, souligne la valeur du travail effectué avec Ouranos : « Ça nous permet de nous aligner, d’ajuster notre modèle d’affaires. Et ça rassure la banque. Par exemple, la période de décembre est très importante pour l’achalandage. On sait maintenant qu’il faut réserver un montant chaque année pour la fabrication de neige à température marginale, c’est-à- dire -4, -5 ou -6 degrés, et s’équiper en automatisation. » L’analyse aura contribué à mieux planifier le développement d’activités pour les quatre saisons, ce qui réduit la vulnérabilité de l’entreprise aux variations de température hivernale.

Pour madame Larose, les Alpes devraient nous servir de modèle : « Là-bas, quand la montagne a des besoins, c’est l’ensemble de la communauté qui tente d’y répondre — les gens savent que c’est leur poumon économique. La station fait rouler les restaurants, les hôtels, les activités connexes. À long terme, c’est un modèle dont on aurait tout avantage à s’inspirer. Les municipalités et le gouvernement provincial vont devoir être là, en soutien. »

Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, Charlevoix (Mikael Rondeau – Sépaq)

 

Le futur climatique de Québec et de Charlevoix
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À terme, Ouranos souhaite relever les vulnérabilités des différentes régions touristiques du Québec, afin que chacune se dote d’une stratégie de dévelop­pement qui tient compte des bouleversements climatiques en cours — et à venir. Car un territoire protégé est un territoire plus attrayant. Après les Laurentides et les Cantons-de-l’Est, c’est donc le tour de Québec et de Charlevoix, deux régions prisées par les voyageur·euse·s.

« Elles ont été choisies dans une perspective stratégique : ce sont des portes d’entrée essentielles au développement du tourisme au Québec, confirme Stéphanie Bleau. Elles attirent une clientèle locale et internationale. »

Il existe peu d’informations spécialisées liant le tourisme et le climat. Ce manque constitue une barrière à la prise de conscience et à l’adaptation. « S’adapter, c’est un processus, affirme Gwénaëlle Paque, spécialiste en mobilisation et transfert des connaissances chez Ouranos. Il faut d’abord reconnaitre l’enjeu climatique, c’est-à-dire en comprendre les impacts, déterminer quels sont les risques et les décoder, pour ensuite être en mesure d’élaborer un plan d’adaptation à l’échelle d’une région, par exemple. »

L’objectif de la phase 1 du projet Québec-Charlevoix était donc d’évaluer les risques et les occasions favorables qui s’y présenteront éventuellement, et d’émettre un diagnostic — en examinant plus précisément l’agrotourisme, le camping, les évènements, le golf, la motoneige, le plein air et les sports de glisse. Des décideur·euse·s et des acteur·trice·s touristiques ont été consultés, dont les MRC des régions, également partenaires du projet.

Les résultats révèlent que les activités saisonnières sont vulnérables aux conditions climatiques. Néanmoins, certaines d’entre elles — liées à l’agrotourisme, au plein air et aux évènements — pourront en tirer avantage, puisque la saison chaude aura tendance à s’étirer. Les municipalités, quant à elles, vont devoir tenir compte des tendances climatiques pour mieux investir dans les bâtiments, les infrastructures, la configuration des villes et des villages.

Karine Horvath, directrice générale de la MRC de Charlevoix, croit qu’il aurait été impossible sans Ouranos d’avoir accès à des données aussi complètes et pertinentes : « Nous, on a des aménagistes, des urbanistes, des agent·e·s de développement, mais on n’a pas nécessairement le temps, les connaissances, l’expertise et les partenariats requis pour mener à bien des recherches comme celle-là. C’est un travail colossal qui a été fait et qui va grandement aider notre industrie. »

Pour la phase 2, les intervenant·e·s touristiques de Québec et de Charlevoix seront à nouveau réunis, cette fois pour élaborer une stratégie de développement économique qui intègrera un plan d’adaptation régional.

Valcartier, Québec (Mathieu Dupuis)

L’adaptation aux changements climatiques est un facteur déterminant dans la résilience économique de l’industrie du tourisme — un secteur d’activité important pour le Québec. Les destinations doivent regarder loin devant et s’assurer de leur capacité à soutenir leur propre développement, malgré un contexte incertain. Et pour ça, « elles doivent maintenir l’intégrité de l’environnement, veiller à la santé et à la sécurité des communautés locales, préserver le patrimoine, assurer l’équité sociale, viser une économie innovante, prospère et écologiquement responsable », explique Sébastien Viau, vice-président marketing et commercialisation pour l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, en résumant les balises du tourisme durable. Une vision dans laquelle nous avons aussi, tous et toutes, un rôle à jouer. Plus que jamais, nous devons privilégier le « tourisme de pleine conscience » : explorer avec modestie et humilité, dans le plus grand respect.

 

Voici cinq autres projets d’adaptation concrète aux changements climatiques, aux quatre coins du Québec.
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Zone côtière ― Gaspésie

Créer une recharge de plage pour contrer l’érosion et la submersion côtières. 

Depuis l’été 2018, la nouvelle promenade de Percé tient compte des risques associés aux changements climatiques. Véritable projet collectif, l’aménagement de la plage permet en effet de contrer l’érosion et la submersion côtières — dues aux tempêtes plus fréquentes —, mais aussi d’ajouter une offre touristique qui engendre des retombées économiques régionales.

a. https://www.ouranos.ca/publication-scientifique/Fiche-fluvial.pdf 

b. http://www.sam.ca/la-promenade-de-la-grave-a-perce-un-littoral-distingue/

 

– 2 –

Faune ― Nord du Québec

Collaborer pour protéger les patrimoines socioculturels.

Les variations dans la distribution du caribou et son abondance ont des conséquences sociales, culturelles et économiques pour les Naskapis de Kawawachikamach. Une collaboration entre scientifiques et membres de la communauté a permis de développer un plan d’action, qui comprend notamment la surveillance de la faune et de ses habitats, ainsi que la conception de matériel éducatif sur le caribou et les changements climatiques.

a. https://www.ouranos.ca/publication-scientifique/FicheMameamskum2014_FR.pdf

 

– 3 –

Ski ― Laurentides ― Cantons-de-l’Est

Diversifier ses activités pour faire face à la variabilité des saisons et aux extrêmes climatiques.

C’est le cas de l’entreprise Les Sommets, qui propose désormais une offre quatre-saisons — avec parc aquatique et pistes de luge, entre autres — pour répartir les risques et éviter les pertes économiques, en plus d’enrichir l’expérience des touristes.

a. https://www.ouranos.ca/publication-scientifique/Fiche-plein-air.pdf

 

– 4 –

Festival ― Montréal

Repenser le design d’un site pour s’adapter à la variabilité des saisons.

Pour limiter les inconforts liés au froid et adapter les infrastructures aux températures positives, le festival Igloofest a innové. La glissade a délaissé sa couverture de glace au profit de jeux de lumière, ce qui rend l’expérience client tout aussi immersive et moins dépendante de dame Nature.

a. https://www.ouranos.ca/publication-scientifique/fiche-urbain.pdf

 

– 5 –

Agrotourisme ― Montérégie

Bonifier son offre agrotouristique pour assurer une présence (presque) à l’année.

Pour compenser les pertes agricoles et économiques causées par les conditions climatiques extrêmes, les propriétaires du Domaine Labranche proposent un concept unique de restauration dans la région de la Montérégie: une «cabane à pommes» et une «cabane en fêtes», en plus de la traditionnelle cabane à sucre, ce qui leur permet d’accueillir les touristes sur trois saisons.

a. https://www.ouranos.ca/publication-scientifique/Fiche-agrotourisme.pdf

 

Parce que les changements climatiques ne se mesurent pas nécessairement à la hauteur des bancs de neige, on vous propose un petit quiz pour mieux comprendre leurs impacts sur l’hiver québécois — et les sports de plein air. En compagnie du consortium Ouranos.

Mélanie Gagné est créatrice de contenu et enseignante à Matane. Le fleuve, toujours là dans son histoire depuis l’enfance, l’impressionne, l’émerveille, l’apaise, l’inspire. Elle aime la vie en région avec sa famille, les randonnées sur la grève et en montagne, les marchés publics, la poésie et les cafés.

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Cet article a été publié dans le numéro 09.

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