Read

Pendant qu’il pleut dehors, avec Sarah-Maude Beauchesne

Un lundi à la campagne avec Christine Beaulieu

By eliane |

Ne méritons-nous pas des vies et des morts formidables ?

By eliane |

Sam Raetz

By eliane |

Fabriquer son alvéole

By eliane |

Watch

Abitibi360

Fourrure

By eliane |

Froid

By eliane |

Pagaie

By eliane |

Pow-Wow

By eliane |

Listen

Magazine BESIDE sur écoute

Quelque part dehors

By eliane |

Experience

Festival BESIDE

Festival BESIDE

By Geneviève Locas |

Aménager son jardin urbain

By Justine Bouchard |

Prendre des photos en nature

By Justine Bouchard |

Take photos in nature

By Justine Bouchard |

Lettres de quarantaine

Tester son autonomie alimentaire à Saint-Cuthbert

En 2016, je vivais sur la rue Fabre, dans un appartement mal isolé, mais super hip du Plateau. À l’époque, je travaillais comme graphiste dans une agence de relations publiques. Chaque matin, en enfilant mon costume corpo, je ressentais une profonde dissonance cognitive. Pourquoi avais-je choisi ce travail et le mode de vie qui venait avec?

Un soir d’été, lors d’une conversation avec un couple d’amis, on a discuté d’un rêve commun: vivre en autonomie alimentaire. Reconnaître notre ras-le-bol d’un quotidien entouré de béton et loin de la nature, a été une révélation. Six mois plus tard, on déménageait en appartement ensemble, pour tester notre cohabitation avant d’émigrer en région. Dix-huit mois plus tard, on devenait propriétaires d’un terrain de 49 acres et d’une maison dans le boisé entre Saint-Cuthbert, Mandeville et Saint-Gabriel-de-Brandon.

Notre but: apprendre la permaculture, la cueillette en forêt et le bûchage du bois de chauffage. Sans oublier le partage des tâches, des coûts mais aussi des défis de vivre deux couples ensemble.

Pierre-Marc Duguay

C’est comme ça que je suis devenu travailleur autonome ― en région. Quand je ne fais pas de design graphique pour assurer la viabilité de mon nouveau projet de vie, j’en apprends plus sur ce que je n’aurais jamais dû ignorer: mon lien avec la nature. Les autres se sont trouvé des emplois dans la région; moi, je reste à la maison avec le chien.

Une chose est sûre, on s’habitue à l’isolement. Même moi, qui allait voir deux concerts par semaine quand je vivais à Montréal. Ce n’est pas tous les jours facile. Mais je trouve une gratification infinie à prendre le temps de faire moi-même ce qui ne me prendrait que quelques minutes à acheter à l’épicerie. Récemment, j’ai suivi un cours avec Nancy Hinton, chef et copropriétaire des Jardins sauvages, qui m’a redonné le goût de cuisiner. Depuis, entre deux vagues de corrections d’un projet ou bien sur l’heure du dîner, je prends plaisir à préparer une belle batch de pain.

À la maison, on s’occupe à tour de rôle du souper, ce qui fait en sorte que chacun y met beaucoup d’amour quand c’est le sien. Chaque repas nous rappelle à quel point les plats maison sont souvent bien meilleurs que ceux du resto. Ensemble on peut attester de ceci: moins on dépense, moins on doit travailler, et plus on a le temps pour des activités signifiantes.

***

Quand j’ai compris que j’aurais moins de mandats à cause de la pandémie, j’en ai profité pour mettre en pratique mes nouveaux apprentissages en cuisine. Cette semaine, un des repas au menu: des burgers de tofu avec de beaux pains fraîchement sortis du four et une salade de choux servie avec une mayo maison à la monarde que j’ai cueillie sur le terrain. En espérant qu’ils soient aussi bons que les pains fourrés au fromage géorgien de la semaine passée.

Ma copine Mari continue de travailler chez un agriculteur de la région pendant la pandémie de COVID-19. En ce moment, chez eux, c’est la grosse saison pour l’achat des semences, comme à tous les débuts de printemps. Mais avec tout le monde en quarantaine, les achats en ligne sont encore plus populaires qu’avant. Ils ont pas mal d’ouvrage. Mari et moi, espérons secrètement que la crise actuelle augmente l’intérêt des gens pour l’autonomie alimentaire.

À mes yeux, ce mode de vie est le premier pas vers l’affranchissement d’un système qui nous a déconnectés de la nature. Ici, en région, certains de nos amis sont des gens qui épousent cette vision: maraîchers, apiculteurs, semenciers, éleveurs, cueilleurs, etc. Ensemble, on forme une relève qui souhaite détourner ses ressources des mains des industriels.

Plus on gardera un lien de proximité avec ce que l’on mange, plus on sera naturellement amenés à aimer, à protéger et à promouvoir notre environnement et nos communautés.

Pierre-Marc Duguay

Ça fait longtemps qu’on sait qu’il faut ralentir. J’espère que cette mise en quarantaine forcée nous convaincra collectivement de remettre en question nos choix de société afin d’apprivoiser une vie plus simple et à un rythme plus lent, en ville comme en région.

Prendre la mesure de nos décisions individuelles et collectives lors d’un souper entre amis peut parfois aboutir à un projet de vie authentique et enraciné. 

You Might Also Like

Pendant qu’il pleut dehors, avec Sarah-Maude Beauchesne

Un lundi à la campagne avec Christine Beaulieu

Ne méritons-nous pas des vies et des morts formidables ?