Besiders
L’avenir est dans les vieilles choses
Le studio de design BEDI crée des vêtements et des accessoires durables et minimalistes à partir de matières premières locales recyclées. L’entreprise mettra ses idées innovantes de l’avant au salon One of a Kind, à Toronto.
Texte—Casey Beal
Photos—BEDI
En partenariat avec
L’entreprise BEDI s’efforce de jeter les bases d’un avenir meilleur. Inder Bedi, son fondateur, propose des créations imaginées avec soin et faites pour durer toute une vie. Antidote à la mode éphémère, l’une des industries les plus polluantes au monde, la marque montréalaise conçoit des pièces uniques à partir de matières qui, autrement, seraient destinées à la décharge. Inder considère qu’en plus de leur donner une deuxième vie, l’entreprise contribue à promouvoir un changement de culture vers une économie circulaire et nous incite à réfléchir à nouveau à ce dont nous avons réellement besoin — et à ce qui nous rend réellement heureux·ses.
L’intérêt d’Inder pour la mode végane l’a incité à imaginer, dans le cadre d’un travail universitaire, une entreprise qu’il a ensuite concrétisée, Matt & Nat, une marque réputée d’accessoires en cuir végétalien. Quand il a quitté la compagnie, il n’était plus certain de vouloir travailler dans cette industrie. Ce qu’il savait, toutefois, c’est qu’il était mûr pour « passer au niveau supérieur » de la mode durable, s’il poursuivait dans cette voie. Il a fondé BEDI, la suite logique de la réflexion amorcée sur les bancs d’école.


BEDI a commencé par concevoir des sacs fourretouts et des sacs à dos à partir d’anciens sièges d’avion dont les compagnies aériennes se départissaient et de ceintures de sécurité récupérées au parc à ferraille. L’entreprise a aussi découvert le remarquable tissu Econyl, fait de filets de pêche abandonnés en mer. Dès le début du projet, les matières premières locales et les pièces originales récupérées étaient priorisées et l’esthétique, elle, minimaliste, neutre, utilitaire et chic. L’entreprise a progressivement élargi sa gamme de produits, adoptant pour mantra le principe qui avait fini par s’imposer dans l’esprit de son fondateur : « Un jour, ce qui était, sera de nouveau. »
BESIDE a rencontré Inder Bedi alors qu’il se préparait à participer au salon des métiers d’art One of a Kind, à Toronto, un évènement qui rassemble des artisan·e·s des quatre coins du Canada (dont plusieurs de Montréal) partageant une même vision.


Votre slogan — « un jour, ce qui était, sera de nouveau » — témoigne d’une évolution radicale dans la façon de considérer la consommation. En quoi le fait de réfléchir à la surconsommation influence-t-il ce que vous faites ?
Je ne pense pas seulement aux problèmes évidents dont elle est responsable, comme la pollution, qui, évidemment, contribue aux changements climatiques. Je vois aussi l’aspect spirituel des choses, l’insatisfaction permanente qui caractérise la société d’aujourd’hui dans tous les domaines. De nombreuses entreprises ont réussi à nous convaincre qu’on avait régulièrement besoin de nouveauté, que ce soit pour surfer sur une nouvelle tendance ou pour souligner un évènement ou un changement de saison. L’un des aspects positifs de la pandémie de COVID-19, c’est qu’elle a fait évoluer cette mentalité: on a plus souvent tendance à privilégier la qualité, à appuyer les entreprises locales et à conserver les objets plus longtemps.
Je pense donc aux déchets que génère la surconsommation, certes, mais aussi, plus profondément, au fait qu’on cherche le bonheur au mauvais endroit. Et pas seulement dans l’industrie de la mode. On en veut toujours plus. C’est peut-être le signe qu’il faut revoir la définition du bonheur qu’on s’est donnée en tant que société.
Où trouvez-vous l’inspiration en tant que designer et en tant qu’entrepreneur ?
En règle générale, on valorise chez BEDI une esthétique fonctionnelle. On ajoute ensuite une touche personnelle unique avec des accessoires de finition ou de la surpiqure. On prend des objets du quotidien et on en fait quelque chose de spécial avec des détails plus vintage ou des accessoires locaux, comme des fermetures éclairs rétro, qui ont une esthétique unique et intéressante.

Dans quelle mesure vous permettez-vous d’être optimiste dans le contexte de la crise climatique ?
J’ai espoir que les consommateur·trice·s vont commencer à poser plus de questions et qu’ils·elles vont demander plus de la part des industries et des marques. Je pense que le changement viendra des consommateur·trice·s qui votent avec leur argent.
Il faut que le public soit plus exigeant : c’est, je pense, la seule façon d’obtenir des changements. Parce qu’en fin de compte, il est beaucoup plus cher de fabriquer des choses durables. Ce n’est que lorsque les consommateur·trice·s cesseront d’appuyer les marques qui ne font pas les transformations qui s’imposent que l’on pourra prendre le virage.
Je vois qu’il y a une évolution — avec Econyl, par exemple, et des inventions comme les cuirs de champignons. C’est beau de voir se multiplier les initiatives qui vont dans le bon sens. Mais ce n’est pas parce qu’un objet est étiqueté comme durable qu’il l’est. Et ce n’est pas parce qu’un objet est végane qu’il est durable pour autant. Disons que la pratique de l’écoblanchiment est très répandue. Je dirais que la plupart des marques qui se présentent comme durables font en réalité de l’écoblanchiment, et c’est là une grosse partie du problème.
Qu’est-ce que vous possédez de plus vieux ?
Je suis un fan fini des bandes dessinées de superhéros et j’ai quelques livres de Batman qui datent de la fin des années 30. Le Batman que l’on voit dans les films aujourd’hui n’a pas grand-chose à voir avec l’ancienne version du personnage, plus réaliste. D’un point de vue de collectionneur, les dix premiers livres sont aussi précieux que le Graal. C’est probablement ce que je possède de plus vieux.
Mais il y a un autre objet que j’ai depuis belle lurette. Quand j’ai quitté Matt & Nat, j’ai réalisé un rêve que j’avais depuis longtemps: j’ai suivi un cours de menuiserie dans lequel on faisait tout sans électricité. De la menuiserie pure. Et dans ce cours, j’ai fabriqué un marteau que j’utilise encore aujourd’hui. Chaque fois que je m’en sers, je ressens une grande fierté.
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BEDI est promis à un bel avenir: l’entreprise, qui prévoit élargir ses collections de vêtements d’extérieur et de tricots et proposer de nouveaux accessoires, a depuis peu pignon sur rue à Montréal. On trouve évidemment dans la boutique des éléments de décor recyclés, bien pensés, dont certains faits de métaux d’origine locale. Lors de l’édition 2022 du populaire salon des métiers d’art One of a Kind, à Toronto, BEDI pourra échanger avec d’autres créateur·trice·s audacieux·ses et un public conscientisé.
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BEDI participe à l’édition 2022 du One of a Kind Show
Venez rencontrer Inder Bedi et plus de 600 autres artisan·e·s canadien·ne·s au salon qui se tiendra du 24 novembre au 4 décembre au Enercare Centre, à Toronto!
Pour plus d’informations, cliquez ici.
Utilisez le code promo BESIDEXOOAK au moment de vous procurer votre billet journalier (adulte) ou cliquez sur le lien.
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Les chemins de travers
Retrouvez Inder dans la série Les chemins de travers, où vous pourrez en apprendre plus sur son histoire et sa démarche comme créateur de mode durable.
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