Comment pratiquer une pêche responsable

Les bonnes histoires de pêche commencent par la capture d’un poisson. Pour qu’elles se perpétuent, il faut prendre soin de ces espèces et de leur environnement en adoptant une pratique de pêche responsable.

Texte—Guillaume Rivest
Photos—Benjamin Rochette
Illustrations—Mélanie Masclé

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Vous faites partie de ces personnes qui regardent des vidéos de pêche en vous disant: «Tiens, me semble que ça m’irait bien, les deux pieds dans une chaloupe sur un lac du Québec, la canne à la main, à livrer un combat contre un poisson entêté et tenace»? Il est vrai que la pêche est une activité très plaisante qui permet de se déconnecter pour mieux se reconnecter à son environnement immédiat. C’est parfois une épreuve de patience, parfois un feu roulant d’action. Mais dans un monde où les perturbations écosystémiques bouleversent de plus en plus nos gentils amis les poissons, une pêche responsable est plus nécessaire que jamais. Voici donc un sympathique miniguide pour vous accompagner dans vos sorties à venir.

– 1 –
Informez-vous sur la règlementation

On trouve au Québec différentes zones de pêche et chacune possède une règlementation qui lui est propre, comme les plans d’eau ont tous leurs particularités. Les dates où l’on peut pêcher peuvent varier d’un endroit à l’autre, tout comme les espèces qu’on y trouve, ainsi que le nombre et la taille des spécimens que l’on peut garder. Avant de pêcher, consultez la règlementation qui s’applique au lieu où vous avez envie de mettre une ligne à l’eau afin de préserver la santé des populations locales de poissons et le bon état de l’écosystème.

– 2 –
Apprenez à remettre vos poissons à l’eau adéquatement

Certaines personnes s’adonnent à la pêche en ayant pour objectif de capturer un repas, d’autres veulent simplement vivre un bon moment. Dans tous les cas, vous devrez relâcher certaines de vos prises. Afin de maximiser les chances de survie du poisson, vous devez absolument maitriser les techniques adéquates de remise à l’eau.

Laissez votre poisson dans l’eau

Votre nouvelle capture n’aime pas l’air. Si possible, laissez dans l’eau le poisson que vous voulez relâcher pendant que vous retirez l’hameçon délicatement à l’aide d’une pince à long bec (une précaution d’autant plus importante pour les salmonidés et par temps chaud). Si vous devez absolument le manipuler hors de l’eau, faites-le rapidement, en moins de 15 secondes idéalement. C’est plus que suffisant pour vous permettre de le mesurer et de prendre une belle petite photo.  Après quoi, vous pourrez retourner tous deux à vos occupations respectives, sans trop de heurts.

Évitez de toucher le poisson

Si vous devez manipuler le poisson, rincez d’abord vos mains pour ne pas enlever son mucus protecteur, surtout si vous vous êtes appliqué de la crème solaire ou du chasse-moustique. Ne touchez pas non plus ses yeux ni ses branchies. Une blessure mineure de ces organes peut éventuellement tuer l’animal.

Gardez votre poisson à l’horizontale

Les organes internes d’un poisson peuvent être endommagés si celui-ci est placé à la verticale. Gardez-le à l’horizontale autant que possible si vous devez le manipuler.

Choisissez des appâts et des leurres artificiels

Optez préférablement pour des appâts et des leurres artificiels. Le poisson les avalera moins profondément que les naturels (vers, sangsues, viandes, etc.) et il sera donc plus facile de l’en décrocher tout en réduisant les risques et la gravité des blessures. Si vous préférez utiliser un appât naturel, pensez à remplacer votre hameçon en J par un hameçon circulaire, qui a tendance à se ferrer moins profondément.

– 3 –
Respectez l’environnement où vous pêchez

Ça peut aussi sembler simple, mais c’est pourtant plutôt complexe. Bien évidemment, une personne qui pêche en adoptant un comportement responsable ne laissera aucune trace de son passage et rapportera tous ses déchets. Toutefois, les précautions à prendre ne s’arrêtent pas là. La propagation d’espèces aquatiques envahissantes est un véritable fléau qui peut grandement nuire à la santé d’un écosystème. Avant de quitter un plan d’eau, retirez les débris et l’eau de votre embarcation. Nettoyez ou laissez sécher complètement celle-ci ainsi que votre matériel de pêche avant de vous déplacer vers une autre étendue d’eau. Le myriophylle à épis, le cladocère épineux et toute une panoplie d’espèces aquatiques envahissantes pourraient plomber vos parties de pêche miraculeuse si elles s’implantaient dans un lac en raison d’un nettoyage inadéquat.

– 4 –
N’abusez pas des bonnes choses

Gardez en tête que, même si vous appliquez à la perfection tous les conseils ci-haut, chaque poisson capturé et remis à l’eau voit ses chances de survie diminuer. Vous en avez eu quelques-uns et vous êtes satisfait·e? Ne poussez pas le bouchon trop loin et évitez de verser dans l’excès. Même si vous respectez votre limite de prises quotidiennes (ce qui est une obligation légale), la santé de l’écosystème sera meilleure si vous limitez la multiplication de vos remises à l’eau. Cela dit, si le poisson vous semble mal en point et que vous doutez de ses chances de survie, conservez-le si la règlementation le permet.

Bref, nous avons tou·te·s un rôle à jouer pour préserver la qualité de la pêche, et notre meilleur allié pour y arriver s’appelle «le gros bon sens». Vous le connaissez déjà très bien. C’est la petite voix qui vous dit: «Me semble que c’est une mauvaise idée ce que tu t’en va faire là. Me semble que c’est beaucoup trop, 25 remises à l’eau. Me semble que ce poisson ferait un meilleur parent pour de milliers d’autres poissons qu’un repas de fish and chip.» Bref, demeurez à l’écoute de votre intuition en vous demandant ce qui serait le mieux pour la faune et l’environnement et informez-vous avant de vous lancer dans l’aventure.

La pêche, comme la plupart des activités, peut avoir des conséquences négatives à long terme si elle n’est pas pratiquée dans le respect de la nature, d’où l’importance de réduire celles-ci le plus possible. Les petits gestes qui semblent parfois banals peuvent faire toute la différence. Vous voulez un jour initier vos enfants, petits-enfants, ami·e·s, petit·e·s ami·e·s aux joies d’une pêche abondante? Vous êtes en partie garant·e de leurs succès futurs. Tout cela commence par une pêche responsable!

Guillaume Rivest est un chroniqueur et un journaliste indépendant originaire d’Abitibi-Témiscamingue. Titulaire d’un baccalauréat en politique appliquée et d’une maitrise en environnement, il se passionne pour le plein air et la nature. Il collabore notamment à l’émission Moteur de recherche et Pénélope sur Ici Radio-Canada Première.

 

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a, entre autres missions, celle de favoriser la mise en valeur de la faune tout en veillant à sa conservation et à celle des habitats. Cette mission passe notamment par la sensibilisation de la population à certaines pratiques responsables à adopter lors des activités fauniques. Le mouvement Je pêche responsable du MELCCFP permet aux pêcheuses et aux pêcheurs de développer de bons réflexes afin qu’ils et elles contribuent à la saine gestion des populations de poissons et à la préservation de l’environnement. Adhérer à la pêche responsable et en parler dans son entourage, c’est une autre façon de contribuer à une bonne qualité de pêche pour les générations actuelles et futures!

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