Rousseau Lefebvre

L’interdépendance, le patrimoine naturel et les paysages rassembleurs.

Texte — Marie Charles Pelletier
Photos — Rousseau Lefebvre

Les gens derrière BESIDE Habitat

Pour concevoir BESIDE Habitat, l’équipe a invité des collaborateur·rice·s à réfléchir et à imaginer ― autour de longues heures infusées de café et de marches en forêt ― des habitations architecturales qui s’imbriqueraient dans le paysage et qui inciteraient à profiter de la nature. Au cœur de chacune de leurs discussions: le respect de l’environnement et le désir de construire un milieu de vie à la croisée de la culture et de la nature.

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Quand BESIDE a acquis un terrain dans Lanaudière, Jacques Côté, son propriétaire, a invité l’équipe à l’arpenter avec lui. Depuis plus de 30 ans, Jacques sillonne ses 1 250 acres de nature sauvage pour y découvrir chaque jour un arbre qu’il n’avait jamais remarqué, un reflet dans le lac Charlevoix ou un bosquet de framboisiers au détour d’un vieux sentier. Chacune de ses marches en forêt lui révèle une nouvelle histoire. Comme celle du couple de grands corbeaux qui niche dans la paroi rocheuse s’élevant sur un des côtés du petit lac McGuire. Les corvidés sont fidèles à leur partenaire, mais aussi à leur territoire. Depuis plus de dix ans, Jacques partage avec eux ses couchers de soleil pendant un rituel de fin de journée d’été qu’il manque rarement: l’aller-retour du lac au crawl.

PROJET : ROUSSEAU LEFEBVRE — Parc national Montagne du Diable, Ferme-Neuve

 

Beaucoup plus qu’un terrain, c’est son amour pour sa terre et ses connaissances approfondies de ce patrimoine naturel que Jacques souhaite léguer à BESIDE. Pour l’équipe, devenir propriétaire — et gardienne — d’un espace sauvage aussi précieux exige d’écouter attentivement celui qui l’a défriché. La décision de travailler de concert avec les architectes du paysage Rousseau Lefebvre pour réfléchir à cet imposant milieu de vie, que Jacques ne sera bientôt plus seul à arpenter, a été motivée par notre grand respect pour les un·e·s et pour l’autre.

Étudier le terrain

La firme Rousseau Lefebvre est un groupe multidisciplinaire de professionnel·le·s en aménagement et en environnement réuni·e·s autour d’une mission commune: le développement durable. Depuis 1989, l’équipe d’architectes paysagistes (qui compte aussi quelques urbanistes et biologistes) conçoit des milieux de vie stimulants pour les communautés et les écosystèmes afin qu’ils s’adaptent au changement climatique.

Sur le terrain BESIDE, la firme a recensé des centaines d’espèces d’animaux, d’essences d’arbres et de plantes de même que l’emplacement des milieux humides et du roc. Tout ça dans l’idée de mieux comprendre la faune et la flore pour mieux les côtoyer et y intégrer adéquatement nos pratiques.

Pour ce faire, Rousseau Lefebvre étudie le terrain en vue de documenter les interactions entre les éléments naturels et construits. «La recherche permet aussi de mieux interpréter l’environnement, de suivre l’évolution de ses composantes et de déterminer les manières optimales pour les êtres humains d’habiter le territoire», soutient François Fortin, architecte paysagiste et urbaniste chez Rousseau Lefebvre qui a étudié en profondeur ces quelque mille acres du terrain BESIDE. Peu importe son échelle (que ce soit un·e humain·e, un végétal, un animal, un champignon ou une bactérie), chaque espèce a une incidence sur les autres et participe à la construction d’un écosystème.

II faut apprendre à lire la nature, comme on lit une rivière avant de la descendre en canot. Il faut discerner ses nuances et saisir son rythme avant de se lancer dans les remous. Il faut s’adapter à ses courbes naturelles et s’abandonner au mouvement de l’eau. La nature suivra son cours ― il faut surtout essayer de ne rien lui imposer.

Parce que dans une forêt, nous serons toujours des visiteur·euse·s.

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C’est pourquoi il faut réfléchir et adapter chaque projet à son contexte d’insertion et à ses écosystèmes en mouvance: «C’est ce à quoi nous aspirons lorsque nous pensons les espaces de demain», dit François.

Pour trouver un juste équilibre entre la densification et l’isolement, sans faire d’étalement inutile, Rousseau Lefebvre a décidé d’implanter les lots de BESIDE Habitat sur une petite partie du terrain, soit environ 10% de sa superficie totale. Ceux-ci ont été dessinés de façon à maximiser les facteurs écologiques et non les pieds carrés, mais toujours dans l’idée de maintenir une saine distance entre voisin·e·s.

Les chemins sont à sens uniques, donc plus étroits. Ils sont sinueux, ralentissant naturellement la circulation. Ainsi, à tout moment, un renard roux peut nous attendre au détour d’une courbe.

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Créer des paysages rassembleurs

Rousseau Lefebvre privilégie une approche communautaire. Cela vaut autant pour la santé des écosystèmes que pour celle des milieux de vie. Par conséquent, sur le terrain, la firme aménage des espaces équilibrés, qui favorisent parfois la rencontre, l’échange et la création, parfois la solitude et le ressourcement. La mise en relation intelligente des communautés humaines, végétales et fauniques est aussi vitale: «C’est à travers une faible empreinte écologique, une faible densité, une implantation réfléchie et une mise en valeur du patrimoine naturel et paysager qu’un dialogue pourra se créer», explique François Fortin.

PROJET : ROUSSEAU LEFEBVRE — Toit végétalisé SSQ, Longueuil

 

Jacques n’a jamais voulu vendre sa terre à des gens qui ne sauraient en prendre soin. Les grands corbeaux ne le lui auraient probablement pas pardonné.

L’équipe BESIDE, qui porte aujourd’hui le projet, s’est donc fait une croix d’honneur de s’adapter au territoire et de le respecter. Comment? En consultant des spécialistes du legs naturel afin de bien évaluer les répercussions de chaque geste posé sur les communautés de demain.

«Les choix que nous faisons aujourd’hui ont un impact sur le legs végétal, humain et animal de demain. Ce sont dans les petits détails que nous pouvons trouver des réponses aux besoins des générations futures.»

– François Fortin
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Lorsque nous prenons soin de la faune et de la flore, elles nous donnent des bénéfices importants en retour: matériaux bruts, nourriture, séquestration du carbone, apport en oxygène, milieux de fraicheur permettant de réduire certains risques climatiques tels que les inondations et l’érosion ― pour n’en nommer que quelques-uns.

PROJET : ROUSSEAU LEFEBVRE — Parc Plaisance, Zizanie des marais

 

Ce que Rousseau Lefebvre nous enseigne ultimement, c’est la capacité de chacun·e à créer des paysages rassembleurs et à bénéficier du travail de la nature en minimisant l’intervention humaine dans les écosystèmes. Chaque intervention est un choix. Celui, par exemple, de protéger un terrain à perpétuité ou de laisser intacte la rive des lacs. Au final, ces décisions feront du bien aux écosystèmes comme aux êtres humains en quête de nature, de calme et de connexion. Et dans 50 ans, ces choix pourront se transformer en un legs naturel qui permettra à une nouvelle génération de découvrir des reflets dans les lacs Charlevoix et McGuire, d’apercevoir un nouveau cèdre en prenant un raccourci par la forêt et de cueillir des framboises sauvages.

 

besidehabitat.com

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