Dessiner ses alentours

L’illustratrice Florence Rivest nous enseigne la valeur de la contemplation pour mieux dessiner et surtout, mieux s’ancrer dans son environnement.

Texte—Marie Charles Pelletier

En partenariat avec

Florence Rivest a passé sa jeunesse dehors, dans son bas du fleuve natal et sur les rivières du Québec. Pourtant, elle ne s’est jamais reconnue dans ce qu’on appelle le «plein air» — qu’elle prononce avec un accent anglais, un sourire en coin, en référence aux peintres européens qui grimpaient des montagnes, un chevalet et un parasol sur le dos. Pour elle, la nature n’a jamais été quelque chose qu’il fallait conquérir ou gravir pour savoir l’apprécier. En canot ou à pied, plutôt que de céder à la tentation d’aller toujours plus vite, Florence a appris à se laisser porter par le courant — ou ses bottines — pour observer le reflet du ciel sur l’eau ou le bruissement du vent dans les arbres.

Lors d’un été comme gardienne de phare sur l’ile Verte, dans le Bas-Saint-Laurent, Florence se met à dessiner le paysage qui change devant ses yeux. Pour passer le temps d’abord, puis parce qu’elle ne peut plus s’arrêter. Assise sur une roche, elle se met à observer longuement les nuances dans les remous du fleuve et le gris des nuages. Ces détails, qui ne se discernent que lorsque l’on y accorde notre attention, elle les transpose alors sur papier.

C’est là qu’elle a su qu’elle illustrerait des paysages toute sa vie. Que la performance laisserait la place à la contemplation et aux crayons. Et que les petites bottes Merrell ne seraient pas toujours de mise parce qu’il faut être pieds nus pour sentir la rosée.

Des années plus tard, son attachement au territoire et le temps qu’elle passe à l’observer se ressentent dans chacune de ses toiles, qui évoquent une version contemporaine du courant naturaliste. Elle aime aussi mettre en scène les gens dans leur environnement, comme pour nous rappeler que les humains, comme les rivières, les épinettes noires et les chanterelles, sont tous aussi vivants. Et fragiles aussi.

Comment dessiner son environnement 

avec Florence Rivest 

Son enfance passée dehors a permis à Florence Rivest de perfectionner l’art de s’ancrer dans le moment. Vingt ans plus tard, assise sur la même grève, elle peint ce qu’elle a devant les yeux, y découvrant encore de nouvelles teintes. Ici, Florence nous incite à prendre le temps de nous poser et à dessiner ce qui nous entoure, depuis un appartement du 3e étage ou sur le bord de l’eau.

– 1 –

Choisir son matériel

Florence ne saura trop vous le répéter, pas besoin d’un coffret Faber Castell, d’un chevalet ou de papier à grains fins pressé à froid. Un carnet et un crayon quelconque (stylo à bille, crayon de plomb, stylo pinceau) sauront très bien faire l’affaire. Évidemment, si vous aimez les couleurs, n’hésitez pas à en ajouter quelques-unes à votre trousse. Les crayons feutres et la peinture à l’eau peuvent transformer un dessin. Si vous sortez dehors ou que vous partez quelques jours, ne vous encombrez pas d’une tablette 18 sur 24 pouces ou de trop de pinceaux. Prenez en considération le poids du matériel et la durée de séchage.

– 2 –

Repérer un lieu ou un sujet 

Pas besoin de se rendre aux Dolomites ou aux iles Fidji pour trouver de quoi dessiner. Prenez le temps d’admirer la beauté de votre environnement quotidien. Le chêne devant votre maison, votre collection de cactus, le bouquet de fleurs sur la table de la salle à manger sont autant d’exemples qui méritent que l’on s’y attarde. Pour pratiquer notre œil, pour s’exercer la main et reproduire la texture des objets qui n’ont pas grand-chose de grandiose, mais qui s’embellissent à travers nos coups de crayon.

– 3 –

Observer et dessiner (sans se presser)

Une fois confortablement installé·e — sur les galets, contre un arbre ou sur une table à piquenique — prenez le temps d’observer votre sujet. Attentivement et longuement. Remarquez ses détails, sa texture et ses nuances. Sans presse et sans jugement, dessinez le fruit de vos observations.

– 4 –

Noter ce que le moment nous inspire

En quelques mots, décrivez le moment. Autrement dit, donnez un titre à votre dessin qui évoquera le temps précieux que vous avez consacré à l’observation de votre plante-araignée, car un dessin est une façon d’encapsuler le temps. C’est une façon de conserver non pas que l’image d’une plante, d’une pièce ou d’une vue de son balcon, mais aussi de témoigner d’un moment de plénitude, d’une époque ou d’un état d’esprit.

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Apprenez-en plus sur Florence Rivest et sa pratique artistique dans la série Les chemins de travers. Celle-ci présente les histoires – pas toujours lisses — de gens qui ont décidé de sortir du cadre ou de le repenser. Présentée par BESIDE, en partenariat avec Desjardins.

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