Atelier
Démarrer sa première ferme
Le couple Laporte-Poirier a fait l’acquisition d’une petite ferme et appris à la dure ce que demande ce lopin de terre estrien. Il partage avec vous ses conseils pour lancer votre propre projet.
Texte—Marie Charles Pelletier
En partenariat avec
L’artiste Catherine Laporte et le chauffeur de train Rémi Poirier vivaient en ville, mais cherchaient constamment l’horizon du regard: Rémi, par le hublot des trains qu’il conduisait et Catherine, par la fenêtre de son condo ou de son atelier. Le couple se lance alors dans une veille soutenue des petites annonces et de tout ce que Centris a à offrir. Leur vaillant épluchage finit par payer et le duo dégote la pierre qu’il ne savait pas qu’il cherchait. Granite Farm 1981: une ferme ancestrale debout au milieu d’un champ, quelque part à Ogden. Après une visite et une concertation de trois secondes — cinq tout au plus —, il troque le bruit de la circulation pour celui du vent.
Chaque jour depuis, Catherine et Rémi sont happé·e·s par un nouveau quotidien et les leçons qui ne s’enseignent qu’à la ferme. Il et elle ont appris «sur le tas» et un peu grâce à Jean-Martin Fortier, agriculteur et auteur, à labourer leur première terre, à planifier un jardin et à s’occuper de leurs pousses. Le couple a su comprendre, à grandes gouttes de sueur dans le front et de tutoriel YouTube, comment réparer des moteurs, prendre soin des poules malades et s’occuper d’un vaste terrain. Il a appris à gérer ses propres attentes et à apprécier le calme des soirées d’hiver.
Chaque soir, assis·e sur le balcon qui fait face à l’ouest, Catherine et Rémi regardent cérémonieusement la journée disparaitre derrière l’horizon. Un bref moment de répit qu’ils s’offrent avant que le coq ne se remette à chanter.
Démarrer – lentement, mais surement – sa première ferme
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Peut-être qu’il ne faut pas attendre de maitriser le manuel du parfait gentleman farmer pour se lancer… En partageant avec nous un aperçu de leur quotidien, les Laporte-Poirier nous expliquent comment la volonté d’apprendre, le soutien du voisinage et les tutoriels de nos mentor·e·s québécois·e·s peuvent nous aider à faire de grandes choses.
Voici cinq étapes qui faciliteront le démarrage de votre premier projet de ferme.

– 1 –
Dénicher la fermette de ses rêves
Que ce soit la nostalgie ou le désir de voir l’horizon qui vous motivent, élargissez vos critères de recherches et ne vous découragez pas. Catherine et Rémi peuvent en témoigner. Les soirées passées à faire défiler les inscriptions immobilières et les détours par plusieurs rangs – pour voir si une pancarte n’y aurait pas été plantée – ne se comptent plus, mais la patience et les recherches actives finissent par payer.
– 2 –
Esquisser un plan… pas trop ambitieux
Démarrer une ferme — aussi petite soit-elle — n’est pas chose facile. Il est plus sage de se fixer un objectif raisonnable avant de réserver son kiosque au marché Jean-Talon le dimanche. Il faut aussi garder en tête que chaque saison apportera son lot de défis et d’imprévus, comme le gel du mois de mai, les marmottes amatrices de radis ou le moteur de tracteur qui fait des siennes. Catherine et Rémi ont commencé par cultiver un quart d’acre et à prendre soin d’une douzaine de poules, question de se familiariser avec leur nouvelle réalité.

– 3 –
Se trouver un·e mentor·e
Au Québec, le monde agricole dénombre plusieurs mentor·e·s qui ont su nous prouver au fil des années qu’il est possible de vivre de l’agriculture, même avec une petite exploitation. Leurs connaissances sont précieuses et leurs conseils sauront vous être utiles tout au long de votre cheminement. Soyez à l’affut des formations en maraichage ou en agriculture biologique. Pandémie oblige, Rémi a d’ailleurs suivi bon nombre de ces formations en ligne.

– 4 –
Se lier d’amitié avec le voisinage
En ville comme à la campagne, il vaut toujours mieux être en bons termes avec ses voisin·e·s. En plus de faire pousser des légumes, Catherine et Rémi ont aussi tenu à cultiver de belles relations avec leur communauté d’accueil. Il faut dire que cette dernière est particulièrement avenante et que les conversations sur le pas de la porte ou à la quincaillerie du coin s’étirent naturellement. Et même si elles nuisent parfois à la productivité, elles valent toujours la peine d’être tenues. Résultat: les bœufs de l’un fertilisent le terrain; les jumelles de l’autre se font un bonheur de défricher le champ grâce à leur petit tracteur.

– 4 –
Apprendre sur le tas (et sur YouTube)
Les agriculteur·trice·s ont la trempe de ceux et celles qui en connaissent autant sur la mécanique que sur les animaux ou la comptabilité. Aucun cours ne saurait nous préparer à faire face à toutes les situations qui peuvent se présenter sur une ferme. Il faut se retrousser les manches et… savoir se débrouiller avec les moyens du bord. La beauté d’avoir à porter plusieurs chapeaux, c’est peut-être justement de continuer d’apprendre. Et quand le voisinage ne peut pas nous aider, YouTube se révèle parfois d’un grand secours.
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Apprenez-en plus sur le projet de ferme de Catherine et de Rémi dans la série Les chemins de travers. Celle-ci présente les histoires – pas toujours lisses — de gens qui ont décidé de sortir du cadre ou de le repenser. Présentée par BESIDE, en partenariat avec Desjardins.
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