Dans la lentille de Ash Adams

Illustrer la profondeur et la complexité du paysage alaskain et de son peuple.

Ash Adams est une photographe documentaire et une photojournaliste de réputation internationale. Elle est établie à Anchorage, en Alaska. Ces temps-ci, elle s’intéresse à l’identité alaskaine et aux nombreuses histoires de vie qui peuplent le décor sauvage de l’État dans lequel elle vit. Ses clichés — tant les paysages vespéraux envoutants que les intérieurs intimes — illustrent le lien profond qui unit les êtres humains et le territoire qu’ils occupent.

Es-tu originaire de l’Alaska?

Je ne suis pas née en Alaska. J’ai quitté New York en 2011 pour m’établir ici. J’ai grandi dans le Midwest et, après avoir travaillé sur la côte Ouest puis sur la côte Est, j’ai voulu vivre autre chose. Je voulais m’installer ailleurs et apprendre à vraiment connaitre cet endroit. Je ne m’attendais pas à aimer autant l’Alaska. C’est un lieu fascinant qui offre le genre d’histoires sur lesquelles j’aime travailler.

D’où est né ton intérêt pour la photo?

J’ai commencé à faire de la photo au début de l’adolescence. J’avais pris l’option photo à l’école et mon professeur était très motivant. Je n’ai jamais arrêté d’en faire après ça. Comme de nombreux jeunes, je ne me sentais nulle part à ma place. La photographie est un métier parfait pour les gens comme moi: c’est un art qui nous permet d’être des «intrus professionnels».

Que cherches-tu généralement à capter chez les sujets que tu choisis?

J’espère capter un moment particulier qui permet à ceux et à celles qui regardent mes photos de sentir l’humanité de la personne photographiée — l’être humain plutôt que le faire humain. J’espère généralement trouver aussi un peu d’immobilité pour réussir à rendre compte de l’essence de chacun.

Qu’as-tu appris de la relation qu’entretiennent les Alaskain·e·s avec leur territoire?

C’est une question difficile… Mes apprentissages sont multiples! Et chaque personne entretient une relation différente avec le territoire. Déjà, l’Alaska est tellement grand. Mon projet While in Between s’inspire justement de cette réalité. De vastes pans du territoire n’étant pas reliés au réseau routier, l’avion reste le principal mode de transport. Les déplacements doivent être soigneusement planifiés, et on sent vraiment ce que c’est que de vivre dans un endroit reculé. On retrouve partout une certaine symbiose entre la population et le territoire, mais c’est particulièrement flagrant en Alaska. Les gens chassent et récoltent sur ce territoire, et ils peuvent vraiment s’aventurer en milieu sauvage. Il y a la complexité des liens que chacun et chacune entretient avec cette nature vierge et, aussi, la réalité de l’extraction et de l’exploitation des ressources. L’Alaska est toujours au cœur de discussions sur la signification du territoire, la valeur qu’on lui accorde et les différentes opinions qu’ont les gens sur le sujet. Call Her Alaska est une autre série de photos que j’ai réalisée qui s’intéresse à ces complexités et à la façon dont elles coexistent dans ce lieu.

Tu as photographié des femmes alaskaines qui ont renoué avec la tradition autochtone du tatouage. Quelle est la signification de ces tatouages et pourquoi assiste-t-on aujourd’hui à un retour de cette coutume?

Le tavlugun était traditionnellement fait par et pour des femmes autochtones afin de souligner des moments importants de la vie. Mais comme de nombreuses autres traditions des Premières Nations, la pratique a presque été effacée par la colonisation. De nos jours, la signification des tatouages varie pour chacune des femmes, mais nombre d’entre elles disent qu’il s’agit d’une réponse à l’oppression, d’une façon de revendiquer leur héritage et leur droit de naissance.

Raconte-nous la journée que tu as passée avec les femmes de l’entreprise The Salmon Sisters.

J’ai beaucoup aimé mon expérience avec elles (pour le nouveau numéro du magazine BESIDE). Emma et sa mère filetaient, saumuraient et fumaient le saumon sur Homer Spit et dans l’atelier familial. La journée s’est déroulée dans une sorte de fluidité naturelle typique des séjours en bord de mer. Même si tout le monde travaillait, on sentait que l’ambiance était joyeuse. Et j’ai l’impression qu’on le voit dans les clichés que j’ai pris.

Comment ces aventures et ces rencontres t’aident-elles à évoluer en tant qu’être humain?

Chaque personne que je rencontre m’apprend quelque chose sur le monde et sur moi-même par la même occasion. Chaque fois que quelqu’un me permet d’entrer dans son univers pendant un instant, je sens qu’il me fait un cadeau. C’est un cadeau que je n’arrive toujours pas à décrire avec des mots, mais j’ai l’impression que c’est quelque chose de vulnérable, comme l’amour.

Y a-t-il une cause dont tu aimerais nous parler? Une organisation qui te tient particulièrement à cœur?

Ça aussi, c’est une question difficile. Il y en a tellement! Le musée d’Anchorage fait un travail incroyable en Alaska et il m’a beaucoup soutenue dans mon travail. Alaska Humanities Forum est une autre organisation qui finance et encourage les initiatives d’art.

Nomme trois comptes Instagram qui t’inspirent.

Je dois admettre que je ne suis pas une vraie «instagrameuse». Je suis quand même le travail de quelques personnes très inspirantes, notamment Matt Eich (@matteich), Stacy Kranitz (@stacykranitz) et Brian Adams (@brianadamsphotography). Ces trois photographes sont capables de laisser leurs sujets être eux-mêmes sur les photos. Je suis toujours enthousiaste quand je vois leurs publications.

Numéro 09

Ash Adams est photographe invitée dans notre plus récent numéro.

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