Au-delà du chantier

Stéphane Janson apprécie le chant des oiseaux quand il travaille. On a rencontré l’entrepreneur général de BESIDE Habitat à l’orée d’une forêt de pins, sur la véranda de la première maison maquette. Discussion avec un homme qui aime autant tisser des liens solides avec ceux et celles qu’il côtoie qu’arpenter le terrain en ski de fond l’hiver dans le plus grand silence.

Texte — Marie Charles Pelletier
Photos — Eliane Cadieux

Les gens derrière BESIDE Habitat

Pour concevoir BESIDE Habitat, l’équipe a invité des collaborateur·rice·s à réfléchir et à imaginer ― autour de longues heures infusées de café et de marches en forêt ― des habitations architecturales qui s’imbriqueraient dans le paysage et qui inciteraient à profiter de la nature. Au cœur de chacune de leurs discussions: le respect de l’environnement et le désir de construire un milieu de vie à la croisée de la culture et de la nature.

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Une fois le projet BESIDE Habitat pensé, dessiné, viré de tous bords et prêt à être implanté dans la forêt de Lanaudière, il fallait trouver la personne qui allait le construire. Une personne de confiance qui comprendrait l’essence du projet. Le nom Janson Construction n’a pas tardé à faire surface.

Établie à Rawdon depuis 1990, l’entreprise de Stéphane Janson a une grosse réputation dans la région, qui a fait son chemin jusque dans le quartier Hochelaga, dans les anciens bureaux de BESIDE. C’est d’ailleurs dans ce local sans prétention de la rue de Rouen, par une froide matinée d’automne, que Jean-Daniel a rencontré pour la première fois Stéphane et Andrée, sa femme, son acolyte, son ombre, comme elle le dit elle-même.

Le président de BESIDE évoque cet entretien le sourire aux lèvres: «C’était comme rencontrer des membres de ma famille», dit-il. Andrée et Stéphane l’ont vécu à peu près de la même façon. Ils ont épluché le projet et décidé que BESIDE Habitat reflétait parfaitement leur philosophie et leur manière de travailler.

Une année s’est écoulée depuis notre entrevue initiale. Je rejoins Stéphane sur le terrain du premier chalet. Le chantier est impressionnant tant le bâtiment est à proximité de la végétation, la frôlant parfois. Stéphane n’hésite jamais à déplacer une maison de quelques pieds pour sauver un arbre.

La municipalité de Rawdon cite souvent ses projets en exemple pour démontrer qu’il est possible d’épargner des arbres en territoire urbain, que c’est important de le faire, même si ça complique le travail. D’ailleurs, quand Jean-Daniel a présenté BESIDE Habitat à la mairie, l’un des conseillers financiers a échappé un enthousiaste «YES!» en apprenant que Janson Construction s’occuperait du projet.

«On essaie toujours de préserver le maximum d’arbres possible, en façonnant des chemins sinueux… au prix de beaucoup de rétroviseurs de trucks et de lumière de pelles mécaniques», dit Stéphane en riant.

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Stéphane a toujours préféré la qualité au volume. Pourtant, 75 chalets, c’est du volume. Il avoue d’ailleurs qu’il n’aurait jamais accepté un projet de cette envergure-là si ce n’était qu’il participait aussi à créer un milieu de vie dans une forêt dont il est lui-même tombé amoureux. En disant oui, il aide à la protéger et contribue à rapprocher les gens de la nature. Mais surtout, il partage les valeurs qui sous-tendent le projet et qu’il prône lui-même depuis des années.

Le projet BESIDE Habitat, c’est peut-être du volume, mais avec des plans qui ont été longuement réfléchis, des lots qui ont tous été marchés en vue d’une implantation optimale. Sans concession sur la qualité, le temps pour soupeser chaque décision, le choix des matériaux ou les fournisseurs mandatés.

La petite histoire

Stéphane a rencontré Andrée à 21 ans. Elle en avait 19. Il et elle se sont retrouvé·e·s à Rawdon un peu par accident. Stéphane a racheté le terrain de sa sœur et y a construit sa première maison. Le couple n’en est jamais parti. Il a eu des enfants. Stéphane a décidé de se lancer à son compte, et Janson Construction est né. Depuis le premier jour, Andrée s’occupe de la comptabilité. Au départ, elle se mettait le nez dans la paperasse le soir, après sa journée de travail. Mais depuis 12 ans, elle se consacre à l’entreprise à temps plein.

Stéphane, qui a longtemps travaillé dans l’est de Montréal, se souvient du moment où il a construit sa première maison dans Lanaudière. «Ce n’était plus du travail, pour moi. J’étais dans la forêt avec les oiseaux qui chantaient», affirme-t-il, adossé sur une poutre du chantier du premier chalet. Un oiseau siffle au même moment, comme pour corroborer les faits.

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L’équipe

Depuis longtemps, Stéphane et Andrée comptent quatre charpentiers-menuisiers dans leur équipe. Il n’y a pas de roulement. Les gens arrivent et ne repartent pas. Le couple explique que les gars sont si habitués à travailler ensemble qu’ils se comprennent sans même se parler. «J’ai de la difficulté à dire qu’ils travaillent pour nous. On travaille ensemble», dit Andrée.

Stéphane parle avec cœur de ceux qu’il côtoie au quotidien, comme lorsqu’il mentionne son employé le plus ancien: «Mon plus vieux, Simon, ça fait presque 20 ans qu’il est avec nous. Quand il est revenu ici après la réussite de son cours de métier, la première chose qu’il m’a dite, c’est qu’il s’en venait apprendre comme il faut, mais que son objectif était d’être un jour à son compte. Je l’ai trouvé très honnête. Je me dis qu’il va peut-être bien finir par partir, un jour, mais ça fait 19 ans qu’il est là.» Chris, lui, était venu passer du temps avec l’équipe pendant sa journée carrière en 3e secondaire. Après son DEP, il a rappelé. «Il est avec nous depuis», dit Andrée. Même chose pour Jean-Pierre, qui cumule 15 années à leurs côtés.

Et finalement, Émile, leur fils, travaille dans l’entreprise à temps plein. Petit, il suivait son père partout. «On n’avait pas Internet à l’époque, on allait collecter les client·e·s le soir, je l’emmenais faire des soumissions. Il était toujours avec moi dans le pickup.» Aujourd’hui, il décharge les épaules (et la tête) de son père en reprenant certaines de ses responsabilités.

 

Stéphane admet n’avoir jamais vraiment réfléchi à sa relève: «Andrée et moi, on a toujours dit aux enfants que l’important, c’est de faire ce qu’on aime et ce qui nous tente.» Mais Émile, comme son père et son grand-père, adore la construction. À 24 ans, il a déjà construit sa propre maison.

 

Stéphane en parle fièrement.

«Ça parait-tu qu’il l’aime?», dit Andrée en éclatant de rire.

La postérité

Le projet BESIDE s’échelonnera sur quelques années. Pour Andrée et Stéphane, c’était le plus beau projet qui soit pour propulser leur garçon. Pour qu’il prenne tranquillement les rênes de l’entreprise. C’est aussi un projet auquel le couple est fier de participer parce qu’il met en valeur leur région tant aimée.

Stéphane et Andrée ont d’ailleurs passé l’hiver à se promener sur le terrain BESIDE en ski de fond. Il et elle l’ont parcouru et ont diné dans le petit chalet de bois au lac McGuire ou aux abords du lac Charlevoix. Émile, lui, a choisi de skier en peaux de phoques, de tracer de nouveaux sentiers et de tester de nouvelles pentes.

Janson Construction ne compte qu’une seule équipe pour l’instant (on se rappelle qu’Andrée et Stéphane préfèrent la qualité au volume). L’entreprise cherche aujourd’hui à grandir avec des gens qui voudraient s’investir dans le projet et le marquer d’authenticité; des gens qui aiment le bâti autant que la forêt et qui seraient heureux de côtoyer les oiseaux l’été et de voir les arbres pencher sous le poids de la neige l’hiver. Mais attention, ceux et celles qui se collent à la famille peinent à la quitter.

 

besidehabitat.com

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