Dans la lentille de Christina Holmes

Photographier l’authentique.

Photos — Christina Holmes

L’amour de Christina pour la photographie remonte à son enfance, passée dans la campagne du Michigan. Son engouement pour la photo de voyage, de culture culinaire et de lifestyle, parallèlement à ses projets créatifs en réalisation et en design, ont grandement influencé sa signature visuelle. Inspirée par l’environnement naturel qui l’a vue grandir, Christina met de l’avant l’authenticité de ses sujets et la beauté de la lumière naturelle. Elle a affuté son œil de photographe grâce à des mandats pour une prestigieuse clientèle nord-américaine dans les milieux de l’édition et de la publicité. Christina est présentement établie à New York, mais parcourt le monde — la majorité du temps pour des contrats photographiques.

D’où vient votre intérêt pour la photographie?

La ferme et l’environnement rural dans lesquels j’ai grandi m’ont beaucoup inspirée, tout comme les images de nature et les animations de la télévision publique, à laquelle j’étais constamment exposée. (Est-ce que j’ose nommer Bob Ross?) Ma passion envers la terre, la culture, les humains, la narration et l’authenticité a toujours joué un rôle majeur dans ma vie personnelle, et cela transparait désormais dans mon travail.

Chalet Ruth, sur un versant de la montagne à Zermatt, en Suisse, où les bâtiments situés directement sur les pistes abondent.

 

Quels photographes ont eu la plus grande influence sur votre travail?

Eugene Smith, Diane Arbus, Robert Frank: chacun de ces artistes légendaires évoque une émotion similaire, malgré leur travail individuel unique. Je suis constamment à la recherche de cette direction nette dans ma propre démarche. Les images de ces photographes représentent un lieu, une personne ou un moment fixés dans le temps, mais qui s’inscrivent en toute cohérence dans leur œuvre entière. Ça, pour moi, c’est très inspirant. Sinon, je pense à l’essai visuel Trek of Tears, de Martha Rial, publié dans le Pittsburgh Post-Gazette en 2012 et gagnant d’un prix Pulitzer.

Cette oeuvre a changé ma vie: le photojournalisme doté d’un angle narratif émotionnel m’a soudain semblé possible.

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Quel est votre endroit préféré au Michigan?

Le Lac Michigan. Selon moi, c’est l’un des trésors méconnus du Midwest américain, que nous tentons tous de garder secret malgré son étendue. À première vue, on dirait l’océan, mais c’est en fait un lac d’eau douce. Son histoire est riche et son héritage, inestimable. Il revêt une grande signification pour les Premières Nations, dont la culture est profondément enracinée dans tout l’État du Michigan. Le lac grouille de poissons incroyables et de vie aquatique unique. Ceux qui ont grandi à ses côtés ressentent, je crois, le besoin de protéger cet écosystème. Le situation est plus alarmante que jamais, puisque le réchauffement de surface continue d’augmenter, compromettant des habitats et la survie d’espèces indigènes.

Séjour autrichien au chalet-restaurant Berggasthof Sonnbühel, situé à flanc de montagne.

 

Que cherchez-vous à capturer chez vos sujets?

Une réalité, une réflexion, un sentiment d’authenticité. La plupart de mes sujets sont de «vraies personnes», si on veut. J’adore apprendre à connaitre quelqu’un, écouter son histoire de vie, entendre ce qu’il ou elle a à me dire en faisant fi de mon point de vue ou de mon opinion personnelle. Je m’engage simplement à être investie dans le moment présent afin que le sujet puisse s’ouvrir.

J’aspire toujours à faire ressortir les fondements d’une personnalité.

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Y-a-t-il un évènement spécifique ou un lieu qui vous a grandement marquée?

J’ai vécu tellement de moments formidables, c’est difficile d’en choisir un seul. Je pense immédiatement à mon voyage dans les Alpes européennes. C’était pour un projet qui a englobé deux années de ma vie et qui a récemment vu le jour sous la forme du livre Alpine Cooking (écrit par Meredith Erickson et publié par Ten Speed Press en octobre 2019); un plongeon au cœur de la richesse culturelle de ces villages montagneux.

Le Moyen-Orient occupe également une place importante dans mon coeur: le Liban, la Turquie et les Émirats Arabes Unis. Pays géographiquement proches l’un de l’autre, mais distincts, avec leurs propres récits, cultures, cuisines et peuples.

GAUCHE: UN COIN LUMINEUX DU RESTAURANT DE L’ILLUSTRE BELLEVUE HOTEL & SPA, SITUÉ DANS LA VILLE ITALIENNE DE COGNE.
DROITE: LE COUPLE PROPRIÉTAIRE DU RESTAURANT KAMOURASKA CRÉÉ DES METS LOCAUX ET LES ACCOMPAGNE DES MEILLEURS VINS NATURE. CE PLAT-CI EST COMPOSÉ D’ÉCREVISSES PROVENANT DU CÉLÈBRE LAC D’ANNECY.

Qu’essayez-vous de communiquer à ceux qui regardent vos photos?

Prenez le temps de plonger dans les images. Consacrez-leur davantage qu’une seconde ou un swipe. Posez des questions et cherchez des réponses. La photographie peut être un média puissant, porteur de vérités et d’évasions. Je crois que nous sommes tellement submergés de contenu visuel, de nos jours, que nous ne prenons plus le temps de contempler une image.

 

Peut-être est-ce là la raison de mon amour pour les histoires qui touchent la nature ou qui présentent un aspect organique. Je veux que le spectateur trouve satisfaction dans la lenteur.

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Travaillez-vous présentement sur un projet spécifique?

Ma première exposition solo, The Alpine Archives, aura lieu sous peu à New York. Je boucle également un projet qui raconte les récits de familles de fermiers aux États-Unis. En plus, je travaille sur un nouvel essai photo inspiré par la nature, The Salmon Run: année après année, je suis le parcours d’une famille de pêcheurs à filet maillant, alors que les saumons remontent dans le Pacifique Nord-Ouest pour aller se reproduire.

Aimeriez-vous nous parler d’une cause qui vous tient à cœur?

Je me suis récemment associée au World Glacier Monitoring Service et au Glacier National Park Conservancy. Les deux organisations recevront 50% des profits de l’exposition et de la vente du livre sur les Alpes. J’ai aussi photographié les répercussions de la fonte des glaciers en Bolivie — la variation de la fonte, causée par les températures changeantes, la pollution de l’air ainsi que d’autres facteurs, est réellement accablante. Ce projet déborde de récits de traditions intergénérationnelles, de cultures riches, de sport alpin et d’échanges à propos du paysage en constant changement. Je souhaite vraiment mettre en lumière cet enjeu de fonte glaciaire accélérée, puisque l’eau est une ressource primordiale pour tous

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Où trouver Christina Holmes?

@chwhat / christinaholmesphotography.com

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