Dans la lentille de Johnny C. Y. Lam

Tisser des liens au-delà de la distance.

Johnny C. Y. Lam (仲賢) a deux passions: le voyage et la photographie. Sa vocation de photographe s’est révélée durant un périple de trois ans dans plus de 40 pays, et il continue de parcourir le monde pour des contrats de publicité et de journalisme. Ses images racontent l’histoire des gens qu’il rencontre au fil de ses voyages. Né à Hong Kong, Johnny C. Y. Lam est arrivé au Canada à l’âge de 16 ans, lorsque sa famille s’est établie au pays. Aujourd’hui, il vit dans le comté de Prince Edward, en Ontario.

D’où vient ton intérêt pour la photo?

Ma mère aimait beaucoup faire de la photographie quand elle était jeune. À mon dixième anniversaire, elle m’a acheté un appareil photo numérique, que j’utilisais surtout pour les sorties en famille. Mais les choses ont changé durant mes premières années au Canada. Lorsque j’étais en secondaire 4, j’ai joint le club de photo de l’école et j’ai commencé à jouer avec des appareils photo réflex, à manipuler des pellicules noir et blanc, à développer des négatifs et à faire des tirages dans la chambre noire. Mon professeur m’encourageait beaucoup, et m’a demandé d’être photographe pour l’album de finissants. L’occasion de photographier des personnes et des évènements a été l’expérience la plus enrichissante de mon secondaire.

Quelle œuvre ou quel·le photographe a eu la plus grande influence sur toi?

C’est difficile de nommer une seule œuvre ou un·e seul·e photographe, mais je dirais que différentes personnes m’ont influencé à différents moments de ma vie. À mes débuts, j’étais fasciné par le travail de Sebastião Salgado, Josef Koudelka, Eugene Richards, Steve McCurry, James Nachtwey, Francesco Zizola et Alex Webb. Par la suite, j’ai découvert le travail de Fred Herzog, Stephen Shore, William Eggleston, Alec Soth, Tony Ray-Jones et Masahisa Fukase. Depuis peu, je m’intéresse à ce que font Christopher Anderson, Jack Davison, Alistair Taylor-Young et Nadav Kander.

Que cherches-tu à capter chez les sujets — ou dans les paysages — qui s’offrent à toi?

Tout dépend du sujet et du lieu. En général, quand je photographie des gens, j’essaie de capturer leur authenticité au lieu de chercher à les prendre sous leur meilleur profil. Si je fais une photographie documentaire, j’aime montrer la relation entre le sujet et son environnement. Pour les photos de paysages, je tente toujours de saisir l’instant magique dans une scène; le reflet du soleil sur l’eau, par exemple, ou un tourbillon de poussière qui s’agite dans la savane.

Quelle part occupent l’imprévu, le mystère, dans ton travail de photographe?

Selon moi, qu’on travaille sur le terrain ou en studio, c’est important de faire de la place à tout ce qui pourrait se produire devant la lentille. On fait souvent face à des imprévus, et je crois qu’il faut en tirer profit plutôt que tenter de les contrôler. C’est, à mon sens, l’essence de la photographie: faire place à la magie et rester ouvert.

Y a-t-il une histoire ou un lieu photographié qui t’ont particulièrement marqué?

J’ai pris des photos pour un article publié dans le Globe and Mail à l’été 2018. Ça racontait l’histoire d’un couple à la retraite qui avait légué son entreprise de pêche du lac Ontario à un réfugié syrien. J’ai entendu parler de cette histoire au marché fermier des environs et j’ai décidé d’aller plus loin.

Si je dois choisir un lieu, je pense que le Rwanda occupera toujours une place spéciale dans mon cœur. J’ai eu l’occasion d’y aller à trois reprises pour le travail.

Je suis reparti chaque fois avec des sentiments de tristesse, d’inspiration et d’espoir. Malgré le passé difficile du pays, qui continue d’affronter l’adversité, j’y ai rencontré des personnes incroyablement généreuses, optimistes et débrouillardes.

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Ces rencontres m’inspirent encore aujourd’hui.

Parle-nous d’une photographie que tu n’as pas pu prendre.

Lors d’un voyage en Bolivie, près d’Uyuni, j’ai vu un lac turquoise où des centaines de flamants s’abreuvaient. C’était une des images les plus magnifiques et les plus surréalistes que j’avais jamais vues. Comme j’étais dans un autobus, je n’ai pas pu m’arrêter pour prendre une photo, mais cette image restera toujours gravée dans ma mémoire.

De quelle manière tes photos sont-elles influencées par les voyages que tu fais?

Je dirais que mes photos sont grandement influencées par mes voyages. En fait, ma carrière de photographe a démarré quand j’ai commencé à voyager davantage. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est voyager, faire de nouvelles rencontres et prendre des gens en photo. Le voyage le plus mémorable que j’ai fait, c’est quand je suis parti deux ans en sac à dos et que j’ai traversé le Canada et l’Europe pour finalement arriver en Asie du Sud-Est. Je ne fais plus de voyages aussi longs, mais découvrir le monde, c’est encore aujourd’hui ce qui m’inspire le plus comme photographe.

Y a-t-il une cause ou une organisation chère à ton cœur dont tu aimerais nous parler?

A Peace of Life a été fondé par Laurena Zondo, une autrice canadienne avec qui j’ai eu le plaisir de travailler au Rwanda. Cet organisme canadien sans but lucratif basé à Kigali vise à favoriser l’autonomie des jeunes grâce à différents projets créatifs. L’objectif est de former, d’encadrer et de pousser des jeunes à devenir des pairs leaders en communication créative, en conseils et en projets sociaux et à mettre de l’avant la préservation de la paix et le développement communautaire dans la région des Grands Lacs africains. J’ai donné un atelier de photographie alors que j’étais bénévole au sein de cet organisme, en 2009. L’atelier s’appelait «Gafotozi», qui signifie «petits photographes» en kinyarwanda. J’étais avec cinq élèves et on a eu beaucoup de plaisir à passer du temps ensemble et à échanger sur les rudiments de la photographie.

Sur quoi travailles-tu en ce moment?

En plus de mon travail pour la publicité et le photojournalisme, j’ai récemment obtenu une résidence d’artiste du Prince Edward County Arts Council, qui me permettra de diriger un studio durant le mois d’avril. J’aurai l’occasion de travailler sur un projet de portraits de personnes âgées du milieu agricole du comté de Prince Edward.

Nomme trois comptes Instagram qui t’inspirent particulièrement.

@aspictures Art Streiber, un photographe de divertissement basé à Los Angeles.

@jakestangel Jake Stangel, un artiste dont le travail touche le photojournalisme et la publicité, basé à San Francisco.

@christopherandersonphoto Christopher Anderson, un photographe/réalisateur basé à Paris.

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