Texte—Juliette Leblanc
Photos—Microclimat Architecture
La forme de nos écoles compte plus qu’on ne l’imagine. En considérant l’évolution des approches pédagogiques au cours du dernier siècle, on constate qu’elles sont un véritable miroir de la société. Les modèles autoritaires et centralisés ont progressivement laissé place à des pratiques plus démocratiques. L’enseignant n’est plus maitre à bord, il tient lieu de médiateur et de guide.
Un virage vers un enseignement par projets nécessite une conception de l’espace différente des écoles conçues autour de corridors liant les salles de classe les unes aux autres.
«Les écoles de demain devront intégrer un plus large éventail d’espaces différenciés», comme l’explique Natacha Jean, directrice générale du Lab-École.
Organisme à but non lucratif, le Lab-École a vu le jour en 2017 sous l’impulsion de trois membres fondateurs: Pierre Thibault, Pierre Lavoie et Ricardo Larrivée. Leur mission est de rassembler des experts de disciplines diverses afin de concevoir les écoles de demain, de mobiliser une réflexion collective et d’en faire un projet de société.
Pour parler d’éducation à l’échelle du Québec, le Lab-École accompagne depuis juin 2018 six centres de services scolaires dans leurs projets de construction ou d’agrandissement d’écoles primaires. Pour ce faire, il a organisé le concours Imaginons l’école de demain ensemble, au cours duquel 135 firmes d’architecture ont soumis 160 propositions. Pour la première phase, l’anonymat des participant.e.s était était requise, et les architectes pouvaient choisir le ou les projets qu’ils souhaitent développer. Celui-ci a mené à la conception et à la réalisation de six nouveaux bâtiments, qui devraient ouvrir leurs portes à la fin de l’année 2021. Nous vous présentons ici un des quatre finalistes pour le site de Saguenay: l’école de la Côte, par le studio d’architecture Microclimat.

«Naturellement, les projets de Rimouski et de Saguenay nous ont parlé d’abord, comme ils sont implantés dans des régions où certains membres de l’équipe immédiate et collaborateur·rice·s ont des racines fortes», explique Guillaume Marcoux, architecte chez Microclimat.
«Le projet de Saguenay avait la particularité d’être situé sur un site inspirant, marqué entre autres par une topographie de côtes et de vallons qui donne une vue spectaculaire sur les paysages montagneux du parc national des Monts-Valin.»

Durant ses recherches, l’équipe du Lab-École s’est rendue à Copenhague, notamment, pour y rencontrer la firme JJW Arkitekter qui redéfinit l’école contemporaine danoise à travers les bâtiments qu’elle conçoit. Cette dernière tient lieu de carrefour entre l’apprentissage professionnel et le développement social. Katja Viltoft, architecte et partenaire au sein de l’entreprise, le résume ainsi: «On ne peut construire des écoles modernes et visionnaires que si nous sommes conscients des objectifs idéologiques et des exigences de la société de demain. L’école est le théâtre du développement professionnel et du bienêtre quotidien des enfants et des adolescent·e·s, tout en étant un pilier très important de la société et du quartier où elle se trouve.»
«L’école parfaite n’existe qu’un instant. Notre monde est en perpétuel mouvement et l’école, comme institution physique et visionnaire, doit suivre les changements qui s’opèrent dans la société et chercher sans cesse à s’améliorer.»
Parallèlement, l’école doit être considérée comme un levier de changement, utile pour résoudre des problèmes tels que le manque de mobilité sociale, les difficultés d’intégration ou la sédentarité. Il s’agit donc d’un outil qu’on doit constamment exploiter, ajuster et améliorer. Les nouveaux lieux d’apprentissage requièrent de nouvelles méthodes d’enseignement. Et l’étape la plus ardue et la moins tangible du processus architectural est la modification culturelle qui touche l’esprit de tous les intervenant·e·s concernés. C’est donc l’étape mais son importance doit être au centre du projet, puisque sans elle, le lieu d’apprentissage ne pourra pas remplir sa fonction.

L’école de la Côte personnifie ainsi une architecture communautaire qui s’insère dans le paysage duquel elle émerge, soit le quartier Le Bassin et la grande région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
La manière ludique dont l’établissement épouse le relief confère à l’endroit une ambiance décomplexée. L’école devient dès lors moins rigide et plus invitante. L’établissement, entouré d’un parc, unit aussi d’emblée loisirs et apprentissage pour les élèves et la communauté.

«Pour nous, c’était primordial de lier notre proposition au contexte physique et sociodémographique du lieu d’intervention, au-delà du programme et des objectifs exprimés par la direction et le Lab-École», souligne Guillaume Marcoux.
Les deux pavillons du projet occupent des fonctions distinctes, mais complémentaires. Celui des classes, partiellement enfoui dans la colline, offre des percées visuelles sur les alentours. Il se divise en trois espaces d’apprentissage, chacun pourvu d’une courette destinée aux différents cycles. Des zones extérieures favorisant l’intimité ont ainsi été prévues.

«Les lieux alternent entre des espaces qui favorisent l’éveil et les rencontres et d’autres qui inspirent la réflexion et le calme.», explique Guillaume. L’espace de collaboration dont dispose chaque cycle est subdivisé en trois grandes zones: travaux de groupe, cuisine centrale et petit salon de lecture individuel. Le pavillon communautaire, quant à lui, fait le pont entre le quartier et le parc, tenant lieu d’entrée principale de l’école. Depuis le hall d’entrée, notre regard embrasse d’un seul coup les gradins, le gymnase, la cour de récréation, le boisé et la montagne environnante.


L’école de la Côte incarne une histoire locale de paysages et de gens. Un lieu communautaire où le parc, le quartier et l’école sont unis dans un même effort de transmission.
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