Long weekend (ou courte semaine) dans les Cantons-de-l’Est

La journaliste et photographe Léa Beauchesne serpente la campagne estrienne pour collectionner les ciels étoilés et les bonnes adresses de ce territoire d’exception.

Texte et photos—Léa Beauchesne

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– Jour 1 –

L’air est à la pluie alors qu’on quitte Québec, mon amie Gabrielle et moi. Pas grave, on a glissé des imperméables et de bons livres dans nos bagages… Même pas le temps de mettre de la musique, on arrive dans la région des Sources, au cœur du Québec.

Les montagnes et vallons à grimper et à explorer abondent dans les Cantons-de-l’Est. Une douzaine de parcs municipaux et régionaux, une centaine de sentiers de randonnée, sept centres spécialisés pour pratiquer le vélo de montagne, quatre parcs nationaux et de multiples plans d’eau en font un incroyable terrain de jeu.

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On croise un premier parc régional: celui du Mont-Ham. Arrêt de prédilection sur la route quand on arrive de l’est, le mont domine les alentours avec son sommet à 713 m. La pluie battante nous force à repousser l’ascension cette fois-ci, mais ce n’est que partie remise. J’ai bien envie de revenir pour admirer la vue à 360o et profiter du camping au sommet. Le parc offre cette expérience unique durant la saison estivale. L’endroit ayant le statut de refuge biologique, il faut réserver tôt en saison puisque les places sont limitées. À plusieurs endroits dans le parc, une attention particulière a été portée à la culture des nations autochtones. Au bâtiment d’accueil, l’Espace Abénakis met en valeur les traditions de cette nation qui a foulé le sol de la région des milliers d’années avant les Européen·ne·s.

L’exposition photo extérieure

Arrivées à Lac-Mégantic, on a envie d’un déjeuner pour diner. On voit une file devant le Bistro la Brûlerie et on se dit que c’est bon signe. Coup d’œil à la carte: nul doute qu’on a affaire à des spécialistes du brunch. Le café fait du bien après la route et la pluie, les assiettes copieuses font du bien, tout court. Lors des beaux jours, une jolie terrasse accueille les gourmand·e·s. Autour du resto, des constructions neuves rappellent une tragédie pas si lointaine. On prend le temps de découvrir l’histoire de la petite municipalité en visitant l’exposition photo extérieure qui trône près de la voie ferrée. Juste à côté, la gare patrimoniale fait office de lieu de rencontre pour le marché public.

On profite du reste de l’après-midi pour visiter l’ASTROLab du parc national du Mont-Mégantic. Ce véritable laboratoire d’astronomie nous permet de renouer avec notre imaginaire de jeunesse tout en y distillant un peu de réalisme. On ajoute à cela un plongeon vertigineux dans l’évolution cosmique avec le film Émergence. Les images défilent. La vie, ses origines, la poussière, l’Univers. Pendant quelques minutes, on ressent l’espace et on oublie qu’on se trouve en face d’un écran. En haut de la montagne, on trouve le fameux observatoire du Mont-Mégantic, le plus grand dans l’est de l’Amérique du Nord. Fermé cette année, on lui dit à l’année prochaine.

Entre deux averses, on profite d’une éclaircie pour monter la tente dans le secteur Franceville du parc national du Mont-Mégantic. Après avoir gonflé un matelas de sol, on ne se sent pas tout à fait prêtes à dire au revoir à notre première journée de voyage ensemble. On va donc s’installer avec un verre de vin sous la pergola du bâtiment d’accueil. L’air est plein d’eau et sent bon l’ozone.

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On devine autour de nous les montagnes qu’on découvrira demain. Je gagne la partie de Monopoly Deal et c’est l’heure de se réfugier dans notre abri. Roman et lampe frontale en renfort, on s’installe dans nos sacs de couchage pour la nuit.

Parc national du Mont-Mégantic
Parc national du Mont-Mégantic

– Jour 2 –

«Je ne me suis jamais rendue au sommet d’une montagne avant 10h30 le matin.»  Gabe est du genre à flanquer une volée aux gars avec son talent en escalade, un peu moins du genre à se lever avec les oiseaux pour faire une rando. Une fois le café avalé, notre montée commence paisiblement en suivant les méandres du ruisseau de la Montagne, avant de nous élever vers le belvédère du sentier de la Porte-du-Ciel dans le secteur Franceville, un incontournable du parc, situé à quelques kilomètres du mont Mégantic. On refait le monde, un peu, à chaque nouvelle foulée. Couleuvre, papillons et petit lapin viennent écouter nos conversations. Entourées de feuillus et d’immenses fougères, on se dit que l’endroit doit être jolie à l’automne.

En marchant sur l’immense dalle de roche qui forme le belvédère, on découvre une vue magnifique sur les massifs des alentours. Dans le vent qui nous balaie la figure, l’horizon ondule doucement et nos cheveux font pareil.

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Les pattes dégourdies, on dérive tranquillement vers Piopolis, petit village au nom papal aux abords du lac Mégantic. Le secret de son charme n’est plus si bien gardé, semble-t-il, puisque ses 350 habitant·e·s ont été assailli·e·s par les touristes l’été dernier. C’est totalement calme et paisible lors de notre visite. On savoure alors qu’on s’installe à l’auberge Au Soleil Levant, histoire de jeter un œil au lac tout en mangeant notre repas réconfortant. On trouve à Piopolis plusieurs sentiers, des bâtiments charmants et de jolis rangs où se perdre en admirant le lac sous différents angles. Notre angle préféré: sur les plans d’eau. Solstice plein air offre la location d’embarcations directement à la marina et même des services de guide à proximité.

L’auberge Au Soleil Levant
lac Mégantic

Dans les collines entourant Piopolis, on se laisse porter par des chemins sinueux jusqu’à l’antre du coutelier Étienne Verreault. En plein milieu d’un champ, caché dans une vieille grange, il a installé sa forge antique. Été comme hiver, c’est là qu’il manipule les tirebouchons de métal pour les transformer en couteaux uniques. L’artisan y partage sa passion lors de visites ou même sur plusieurs jours durant lesquels on peut fabriquer soi-même un précieux couteau.

Étienne Verreault

On prend maintenant la route vers l’ouest pour rejoindre les régions de Memphrémagog et de Brome-Missisquoi. C’est ici qu’on trouve les biens connus Bromont, Orford et Magog. On quitte l’autoroute, les maisons à l’architecture de différents styles ― victorien, anglo-saxon, néo-classique ― défilent sur autant de terrains luxuriants. La beauté des paysages me donne presque envie de me mettre au vélo de route ou au gravel bike, activité particulièrement populaire dans la région, et pour cause. Tourisme Cantons-de-l’Est propose plusieurs itinéraires sur deux roues.

Notre itinéraire nous amène directement jusqu’à Sutton, mais je vous recommande certainement de prendre le temps de visiter Magog et les alentours (continuez votre lecture, je vous donne quelques bonnes adresses, promis). Dès notre arrivée au village, on tombe sous le charme de sa rue principale. Plusieurs jeunes entrepreneur·euse·s y ont ouvert des commerces ces dernières années, qui viennent bonifier l’expérience de montagne déjà bien installée grâce au mont Sutton. On s’arrête à la microbrasserie À l’Abordage, très bon exemple de cette nouvelle génération de commerces alignés sur un tourisme durable et fondamentalement local.

Microbrasserie À l’Abordage

Pour poser la tente, l’endroit par excellence dans le coin est Au Diable Vert. Les propriétaires, Julie et Jeremy, misent eux aussi sur la pérennité du cadre naturel dans lequel se déploient leurs magnifiques installations. Les sites de camping s’intègrent à l’environnement et ont tous un petit quelque chose. Mention spéciale au Tumulus, qui offre une vue spectaculaire sur les montagnes des alentours. Le Diable Vert est bien plus qu’un camping. Véritable «tout-inclus» de plein air, on peut y passer plusieurs jours à s’immerger en nature, entre randonnée, kayak et moments autour du feu, été comme hiver. Pour compléter votre séjour, faite l’expérience du VéloVolant, une installation unique au Canada qui permet de s’envoler vers la cime d’érables centenaires et d’observer la nature sans la déranger.

Rivière Missisquoi

– Jour 3 –

Le soleil nous réveille en chauffant doucement la tente. C’est une journée parfaite pour jouer dans l’eau. On avale un vrai bon déjeuner au Cafetier avant de s’activer. À quelques kilomètres du camping, on s’invite sur la rivière Missisquoi, au site de location du Diable Vert. En amont, les lignes américaines; en aval, des kilomètres d’eaux calmes où pagayer paisiblement. Seules sur le cours d’eau, on écoute les arbres frétiller et les oiseaux piailler. Le soleil nous endort et nous dore doucement. Déjà, le petit périple aquatique tire à sa fin. La route s’invite à nouveau, avec, toujours, ses jolies maisons, ses routes sur lesquelles on a envie de chanter Le temps est bon. À quelques minutes de notre destination, on s’arrête chez Beat & Betterave à Frelighsburg. Leur limonade framboise-rhubarbe est la parfaite solution à la canicule qui nous colle à la peau. En saison, le menu est presque entièrement concocté avec les richesses du jardin qu’on admire en sirotant notre boisson. Pour arrêter le temps, on se rend à l’atelier d’Oneka, juste à côté. L’air se remplit de toutes sortes d’effluves provenant des produits de soins personnels totalement naturels fabriqués sur place. Une fois par année, la famille ouvre les portes de sa ferme pour un weekend champêtre. Les fleurs et aromates biologiques utilisés poussent tous sur cette terre et sont cultivés dans un grand respect de l’écosystème.

Beat & Betterave
Beat & Betterave

Dernier arrêt sur notre route, on rend visite à Louise et Christian au Clos Saragnat. Ces deux humains offrent un parfait exemple de la force de la nature à travers leurs cidres et spiritueux issus d’une culture fondamentale. Créateur du cidre de glace, Christian aura aussi été l’un des premiers à faire du vin orange au Québec, sans arrière-pensée quant à une certaine mode. Au début, le terrain abandonné ne payait pas de mine. Il aura fallu une quinzaine d’années pour donner raison à l’obstination de Christian à laisser «la nature se démerder». Ses vignes et pommiers se déploient dans un heureux labyrinthe où tous les insectes sont invités à faire leur part pour créer un parfait équilibre naturel. Aucun intrant, si ce n’est du fumier de ses poules en liberté. L’amour de ces deux esprits créateurs et l’équilibre parfait de l’écosystème donnent naissance à des produits d’exception, aux saveurs délicates. Si vous ne pouvez visiter ce site tout à fait unique au Québec, offrez-vous quelques minutes pour lire ce portrait de Christian.

Christian Saragnat

– Étirer son séjour –

Les Cantons-de-l’Est regorgent de bonnes adresses gourmandes et d’arrêts incontournables pour jouer dehors. Dans le coin de Magog, on prend notre temps au Café Les Estries, on passe faire nos provisions à Eastman (à noter: la boulangerie artisanale Chez Dora, la Savonnerie des diligences et le café LA Station), on visite les champs chez Bleu Lavande, puis on profite du coucher du soleil en planche à pagaie au bucolique marais de la Rivière aux Cerises. En route vers Bromont, on fait un petit détour par le mont Orford pour une randonnée ou du vélo de montagne. À Bromont, on profite du remonte-pente pour enchainer les descentes sur deux roues. On s’offre une bonne soirée au Chardo avec sa superbe sélection de vins et sa cuisine locale, fraiche et sauvage. Aux alentours, les détours sont infinis. On peut choisir de s’arrêter à Waterloo pour profiter de la terrasse et du marché local chez Robin bière naturelle, ou encore à La Knolwton Co. pour un duo gagnant de bière et pizza. J’espère que vous avez plus de trois jours, car la liste peut s’étirer encore et encore! Visitez le site des Cantons-de-l’Est pour des suggestions qui correspondent à vos intérêts, vous trouverez plein de jolies découvertes!

Léa Beauchesne préfère les fuites et les grands espaces aux murs et au bitume. Journaliste et créatrice, elle aime jouer avec les images et les mots pour créer des moments hors du temps où l’humain et la nature se rencontrent. Elle n’aime pas s’en faire, sauf pour son environnement. Vous la trouverez le plus souvent possible en montagne, au bout d’une corde d’escalade, sur son vélo ou ses skis, entourée de trop de chiens et d’un seul humain de préférence.

 

Tourisme Cantons-de-l’Est est l’association touristique régionale (ATR) qui représente l’industrie auprès des différentes instances. Depuis 1978, TCE favorise le développement de l’industrie touristique des Cantons-de-l’Est tout en faisant la promotion de ses produits sur les marchés québécois et internationaux. L’ATR s’associe aux valeurs de développement durable de la communauté estrienne et s’engage à promouvoir la qualité de vie et de l’environnement naturel dans son milieu.

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