Atelier
Faire de vos vieux tissus un napperon
La courtepointière Marilyn B. Armand nous montre comment donner une deuxième vie aux tissus grâce à un savoir-faire légué par plusieurs générations de grands-mamans.
Texte—Marie Charles Pelletier
En partenariat avec
Quand elle était petite, Marilyn B. Armand ne tenait pas en place. Elle courait de gauche à droite, laissant dans son sillage l’empreinte de ses petites mains collantes sur tout ce qui avait le malheur d’être à sa portée. À bout de nerfs, sa grand-mère l’assoyait devant la machine à coudre. Ça l’occupait. Rapidement, Marilyn apprend la couture, encore loin de s’imaginer qu’elle en fera une carrière.
Un emploi en gestion d’entreprise et quelques années plus tard, celle qui ne tient toujours pas en place quitte la métropole, sans plan précis. Elle s’installe dans une vieille maison de ferme à Adamsville, peint la cuisine et aménage un grand jardin.


Son intérêt pour les métiers d’art et ses soirées devenues tranquilles la convainquent de s’inscrire au Cercle des Fermières de Cowansville. C’est là qu’elle rencontre France Verrier, une septuagénaire qui se couche tard et qui passera plusieurs veillées à lui transmettre un savoir-faire de plus en plus rare: l’art de la courtepointe. Cette branche du textile a toujours intrigué Marilyn, mais elle a appris à ses dépens que ne s’improvise pas courtepointière qui veut. Après plusieurs tentatives vaines et des surpiqures mal alignées, il lui fallait absolument trouver une mentore.
Sous l’œil attentif de celle-ci, Marilyn développe tranquillement son doigté, mais surtout un style reconnaissable entre mille. Les jours passent, les bobines de fil se déroulent et Marilyn fonde son entreprise qui témoigne de la passation de ce savoir-faire, le Point visible. Son exil lui aura ainsi permis de faire pousser des choux raves et à tenir en place… le temps de faire une courtepointe.

Assise à une table, dans son atelier baigné de lumière naturelle, Marilyn dessine dans un petit cahier à carreaux. Dans les étagères, des rouleaux de tissu surcyclés s’entassent. Des tissus qui, autrement, finiraient à la poubelle à cause d’un défaut inapparent. Ses fournisseurs la connaissent bien aujourd’hui et l’attendent toujours à l’arrière de l’entrepôt avec les rouleaux qu’ils ne peuvent pas vendre. Elle les taillera et leur trouvera une utilité. À contrecourant de l’industrie, Marilyn passe de longues heures à fabriquer des couvertures qui dureront toute une vie.
Revaloriser vos vieux tissus
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Pour apprivoiser la technique de la courtepointe, Marilyn vous conseille de commencer par la conception d’un napperon.
1. Rassemblez vos vieux tissus
Rapatriez tous les tissus auxquels vous aimeriez donner une nouvelle raison d’être: les vieux draps de coton, les housses de coussins qui ne s’accordent plus avec la couleur des murs, les linges à vaisselle troués, les vêtements que vous ne portez plus, mais dont vous n’arrivez pas à vous départir. Privilégiez les fibres naturelles comme le coton, le lin et la laine.
2. Imaginez votre design
Dessinez un aperçu de votre produit fini (un damier, un dessin ou une mosaïque plus complexe, par exemple) et déterminez quel tissu ira où selon la quantité dont vous disposez. Observez leur composition, leur texture, leurs motifs et leurs couleurs pour mieux les agencer.

3. Préparez vos tissus
Séparez vos tissus par couleur et lavez-les à l’eau chaude avec un peu de vinaigre. Celui-ci désinfecte, désodorise, dégraisse, prévient et traite les taches minérales, le tout, de façon écologique.
4. Coupez vos tissus
Repérez les plus belles sections des tissus et taillez-y les morceaux qui serviront à reproduire votre dessin. Pour chaque pièce, prévoyez une marge supplémentaire de 0,5 cm pour la couture.
5. Cousez l’endroit du napperon
Avec la machine à coudre, assemblez les tissus en plaçant endroit contre endroit les morceaux à joindre. Cousez chaque côté à juxtaposer en conservant une marge de couture de 0,5 cm.
6. Repassez votre travail
Dépliez l’ouvrage et repassez l’envers des morceaux assemblés de façon à mettre à plat les coutures.

7. Découpez la doublure et l’endos
Taillez une doublure pour votre napperon (dans une pièce préalablement lavée) en conservant une marge de 2,5 cm pour tous les côtés. Faites de même avec le tissu qui servira à faire l’endos de votre ouvrage.
8. Assemblez les trois épaisseurs
Superposez dans l’ordre l’endos du napperon, la doublure et l’endroit, puis épinglez les trois couches ensemble à intervalles réguliers. Surpiquez les trois épaisseurs pour que rien ne bouge afin d’assurer une longue vie à votre confection. La surpiqure peut suivre différents motifs, comme des rayures, des vagues ou même des fleurs pour les plus habiles. Gardez en tête que plus les morceaux de tissus sont petits, plus le piquage devra être dense. Coupez l’excédent de la doublure et de l’endos pour que toutes les pièces soient de même taille.
9. Apposez le biais
Coupez une bande de tissu d’environ 5 à 6 cm de large et suffisamment longue pour faire le tour de votre napperon. Pliez-la en deux sur sa longueur et repassez-la. Épinglez-la sur votre travail en l’alignant avec le rebord et en plaçant le pli de la bande vers le centre. Cousez-là à la machine en conservant une marge de couture de 0,5 cm. Retournez l’ouvrage, repliez la bande de finition et cousez-la. Cette bordure de finition protègera votre pièce.
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Apprenez-en plus sur Marilyn B. Armand et ses courtepointes dans la série Les chemins de travers. Celle-ci présente les histoires – pas toujours lisses — de gens qui ont décidé de sortir du cadre ou de le repenser. Présentée par BESIDE, en partenariat avec Desjardins.
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