Dans les nuages de Sherbrooke avec David Goudreault

Illustration—Florence Rivest

Ancien travailleur social, David Goudreault met son amour de la littérature — et son immense talent — au service de multiples formes d’écriture: le roman, la poésie, la chanson, entre autres. L’automne dernier, il a fait paraitre son quatrième album, Le nouveau matériel. Il planche présentement sur un livre pour enfants.

Il répond au questionnaire BESIDE lors d’une belle (mais frette) journée de la fin janvier, en regardant la boucane des cheminées aller embrasser les nuages dans le ciel de Sherbrooke.

Ton plus grand paradoxe. 
Je suis un gars anxieux, mais je n’arrête jamais de m’exposer, de me lancer de nouveaux défis et de me placer dans des situations stressantes.

La connaissance ou le savoir-faire que tu aimerais acquérir. 
Allumer un feu sans briquet ni allumette. Ça me semble être une compétence de base, une assurance de survie que l’on devrait nous enseigner dès le primaire.

Ton écart climatique.
Ancien végétalien, je suis encore végétarien, mais j’ai recommencé à manger du poisson et des fruits de mer; adepte du piscicovégétarisme, donc. Je devrais me reradicaliser sous peu.

Ta meilleure histoire de bois ou ton expérience la plus malaisante en plein air.  
Je me suis perdu dans une immense forêt en Picardie, dans le nord de la France. Quand j’ai émergé du bois, soulagé, on m’a informé que c’était hyper dangereux, que j’aurais pu me faire tuer par des sangliers sauvages en pleine période de reproduction…

L’endroit qui te rend le plus heureux. 
Le creux de cou de mes enfants.

Un·e photographe ou un·e artiste visuel·le qui t’inspire. 
Nadia Morin, une poète de l’image. Elle m’a fait l’honneur de créer tout le visuel autour de mon dernier album, Le nouveau matériel.

Es-tu spécialiste d’un sujet improbable? 
Depuis que je ne bois plus d’alcool, je suis devenu un pro du thé, particulièrement en matière de Wulong. Je m’y connais!

Si tu étais un artisan, que fabriquerais-tu? 
Des théières Yixing, et je m’installerais en Chine pour apprendre des maitres.

Quel aspect de la nature attire le plus ton attention? 
Son rythme lent et puissant; un souffle qui nous dépasse, que nous ne pouvons approcher qu’avec humilité. La vie sur Terre peut très bien se passer de nous. C’est effrayant et rassurant à la fois.

Quelle est ta meilleure stratégie pour rester concentré? 
Éteindre un maximum d’écrans, d’onglets sur les écrans, fermer la porte de mon bureau et habiter la tâche ou le moment. Y a-t-il d’autres façons de faire?

Es-tu plutôt forêt ou océan? 
Océan, c’est le titre du dernier album de mon pote Manu Militari et, surtout, l’immensité m’est thérapeutique. La toundra, les déserts et l’océan m’appellent.

Quel est ton endroit préféré pour aller marcher? 
Le parc du Bois-Beckett à Sherbrooke, une des trop rares forêts urbaines protégées du Québec. Au fil des années, j’y ai croisé de nombreux chevreuils, une chouette et même un lynx.

Quel est ton degré d’optimisme face à la crise climatique? 
Nous changerons lorsque nous souffrirons suffisamment; il sera trop tard, ou pas.

Que cherches-tu à protéger? 
La possibilité de vivre et de vivre librement, pour les générations à venir.

Quelle activité non numérique peux-tu pratiquer toute la journée sans te lasser? 
Lire, évidemment, et écrire dans un calepin, une activité très liée au voyage, dans mon cas. J’écris mes romans à l’ordinateur; c’est plus rapide, plus efficace, mais on perd forcément une part de l’expérience d’écriture. La dactylo est un bon compromis, mais rédiger un texte à la main, c’est l’idéal, ça implique le corps.

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